Heran dit avoir fui la persécution en Ethiopie | Source : Capture d'écran du Hessischer Rundfunk
Heran dit avoir fui la persécution en Ethiopie | Source : Capture d'écran du Hessischer Rundfunk

Heran et son petit-ami vivent en Allemagne et attendent un enfant. Mais en vertu du règlement de Dublin, la future maman pourrait être expulsée vers la Pologne.

L’heureux événement est prévu pour la mi-octobre. Ce sera une fille. Mais Heran est loin d'être rassurée, depuis que la future maman a reçu une lettre des autorités allemandes lui signifiant qu’elle allait être expulsée vers la Pologne en vertu du règlement de Dublin. Celui-ci prévoit que l’Etat membre par lequel un migrant est entré dans l’Union européenne est responsable de sa demande d’asile. Pour Heran, qui dit avoir fui l’Ethiopie avec l'aide de passeurs il y a un an et demi par peur d’être persécutée pour ses opinions politiques, il s’agit effectivement de la Pologne. 

Pour autant, la jeune femme ne s’imaginait pas devoir quitter le pays à quelques semaines de son accouchement. Elle habite actuellement à Friedberg, près de Francfort, tout comme le père du futur enfant. Il s'appelle Jared et vit déjà depuis une dizaine d’années en Allemagne où il dispose d'un permis de séjour et travaille dans une université privée. Lui et Heran s'étaient rencontrés à l'école en Ethiopie et se sont retrouvés par hasard à Francfort des années plus tard. Depuis le couple a voulu se marier, ce qui aurait écarté la menace d'expulsion, mais Heran ne dispose pas des papiers nécessaires pour officialiser leur union.

L'Eglise au secours d'Heran

"J’ai peur de ce que le futur me réserve", explique-t-elle timidement dans un reportage de Hessischer Rundfunk (HR), une chaîne de télevision publique allemande. Les medias ont commencé à s'intéresser à l'affaire après avoir été alertés par l'Eglise protestante, qui héberge actuellement Heran et lui offre l'asile. Pour la paroisse, expulser la jeune femme serait une atteinte aux droits de l'homme. D'autant plus que Heran souffre de diabète de grossesse. "On ne cesse d'expliquer aux familles à quel point la qualité de vie pendant la période de grossesse est importante, explique la pasteure Suzanne Domnick au HR. Mais dans ce cas, les autorités nous disent que cela ne les intéresse pas".

Pour l’Office fédéral pour les migrations et les réfugiés (BAMF) il n’y a en effet aucune raison pour ne pas procéder à l’expulsion. Dans sa lettre, le BAMF a informé Heran que son cas ne présentait "pas de circonstances exceptionnelles". Il affirme que l’Ethiopienne n’a pas été en mesure de présenter de certificat médical indiquant une "détérioration considérable" de son état de santé justifiant qu’une expulsion vers la Pologne présenterait un risque pour la mère et son bébé.

Concernant sa situation familiale, le BAMF juge que Heran et Jared ne constituent pas une famille puisqu’ils ne sont pas mariés et que l'enfant n'est pas encore né.

L’Eglise protestante compte faire appel, en se basant sur la Constitution allemande et l’obligation de l’Etat à protéger les familles. En attendant, la paroisse veut continuer à la protéger, malgré le risque de poursuites judiciaires. En Allemagne, la protection offerte par l’Eglise est tolérée par les autorités, mais elle ne repose sur aucune base légale. Par le passé, il est ainsi déjà arrivé que la police mène des raids dans des églises abritant des migrants visés par une procédure d’expulsion.  

 

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