Changer de perspective
Outre l’affirmation de soi, la façon d’enseigner et le contenu des leçons correspondent à un projet d’établissement différent de celui des écoles publiques américaines traditionnelles. Ici, on apprend le monde et l’histoire du point de vue de la diaspora africaine, pas de celui d’un blanc dont les ancêtres sont Européens. C’est ce qu’on appelle l'"afrocentrisme".
"La colonisation est majoritairement le fait de six pays européens, et ce sont les vainqueurs qui écrivent l’histoire. Les livres d’histoire expliquent donc que c’est Christophe Colomb qui a "découvert" l’Amérique, or il y avait déjà des hommes qui vivaient ici. Avant 1492, le monde existait déjà", explique Rafiq Kalam Id-Din, fondateur et directeur de l’école Ember Charter.
"Notre objectif c’est de proposer une autre perspective à nos étudiants, de l’analyse et avant tout, la vérité historique. Avant 1492, des empires immenses ont été dirigés par des personnes de couleur, pensez à l’empire islamique qui englobait le sud de l’Europe et une partie de l’Asie ou encore à Gengis Khan".
Ici, on veut surtout éviter que l’histoire des noirs américains se résume à l’esclavagisme et à la ségrégation, des concepts très – trop — négatifs. "Si c’est ça la définition d’être noir, c’est très incomplet", remarque Rafiq Kalam Id-Din. Dans cette école, on étudie donc l’histoire et la culture de ceux qui, il y a quatre ou cinq générations, vivaient encore sur le continent africain. Bien avant que la traite des noirs les déconnecte de leur identité. "Nous essayons de comprendre qui nous sommes en étudiant notre passé et les points communs entre nos cultures."