La marche religieuse passera dans les rues de Varsovie, samedi 5 octobre, comme dans une vingtaine d’autres villes. Partout dans le pays, les manifestations de traditionalistes d’extrême droite auront lieu contre l’élargissement des droits aux diverses communautés LGBT.

Hostile prière

Les invocations collectives sont à l’ordre du jour, à deux jours de fête du Rosaire de la Vierge Marie. « La Pologne, et plus généralement l’Europe et le Monde, se trouvent dans une situation difficile en matière morale. La prière pour la patrie est nécessaire. Nous voudrions présenter nos excuses à la mère de Dieu pour les péchés commis lors des défilés de cette année », a déclaré le président de l’association de la marche de l’Indépendance, Robert Bąkiewicz, ancien dirigeant du parti d’inspiration fasciste Camp national-radical (ONR).

Pour les milieux ultra-catholiques, la récitation du rosaire serait une arme spirituelle. En 2017, ces mêmes réseaux avaient organisé à l’époque un « rosaire aux frontières » pour marquer leur refus de l’immigration et l’islamisation de la Pologne et de l’Europe. La fête du Rosaire de la Vierge Marie célèbre, en effet, la victoire en 1571 de la chrétienté sur les Turcs lors de la bataille navale de Lépante.

Marqueur de campagne

Après le discours anti-migrants, l’hostilité aux communautés homosexuelles est devenue le nouveau marqueur de l’élection législative du 13 octobre. Ce nouveau clivage dans la société polonaise est apparu en juillet, après les violentes attaques homophobes perpétrées à Bialystok, ville de l’Est où une première gay pride était organisée. Plusieurs manifestations de soutien ont ensuite eu lieu dans le pays, sous les slogans « Nous demandons l’égalité du mariage », « constitution », « Acceptation ».

Les organisateurs de la marche anti-LGBT sont des sympathisants d’extrême droite associés à la marche du 11 novembre contestée l’an dernier, lors du centenaire de l’indépendance de la Pologne, pour ses dérives fascistes. Ils n’ont pas trouvé le soutien officiel du gouvernement, ni celui de l’Église.

Mais le parti Droit et justice (PiS) au pouvoir, proche de l’Église, est farouchement hostile à l’élargissement des droits des communautés homosexuelles. À l’occasion d’un rassemblement en avril dernier, le chef du parti, Jaroslaw Kaczynski a estimé que l’« idéologie LGBT » était une « menace à l’identité et à l’État polonais ».

Ambiguïté de l’Église polonaise

Cette position trouve également d’importants relais dans l’Église polonaise. Le 1er août, l’archevêque de Cracovie, Mgr Marek Jedraszewski, a évoqué une « peste arc-en-ciel », faisant référence au drapeau de la communauté LGBT.

Depuis, plusieurs manifestations ont été organisées pour réclamer sa démission. De son côté, le président de la Conférence épiscopale polonaise appelle à un accès égal au débat. Ce genre d’événement trouve aussi d’importants relais dans la société civile. Selon l’ONG Campagne contre l’homophobie (KPH), une trentaine d’entités territoriales polonaises (villages, assemblées régionales) se sont déclaré « Zones libres de l’idéologie LGBT ».