«Incapable de s'alimenter, il gisait dans son crottin»

Publié

Exploitation animale«Incapable de s'alimenter, il gisait dans son crottin»

La Suisse importe du cheval depuis l'Amérique du Sud. Là-bas, certains animaux vivent toujours dans des conditions effroyables. Malgré les promesses d'amélioration.

pac/doz
par
pac/doz

Les conditions dans lesquelles sont traités les animaux dans les abattoirs sud-américains sont souvent horribles, comme nous le rapportions en mai 2018. Après ces scandales, l'Association suisse des importateurs de viande de cheval (AIVC) s'était pourtant engagée à appliquer de nouvelles normes concernant le bien-être animal. Josef Pittino, le président de l'AIVC, avait alors promis: «Donnez-nous un an! Les nouvelles normes concernant la protection des animaux ne peuvent pas être appliquées du jour au lendemain.»

Mais très peu d'efforts ont été entrepris, comme en témoigne la vidéo ci-dessus. Des images prises par l'Association zurichoise de protection des animaux (TSB) montrent des bêtes émaciées, blessées, qui, à cause de leurs souffrances, n'arrivent presque plus à avancer.

Les abattoirs Clay, en Uruguay, sont notamment pointés du doigt.

«Deux chevaux grièvement blessés, probablement avec des os fracturés, sont restés pendant plus d'un mois sans qu'aucun soin de leur soit apporté», rapporte la TSB. En Argentine, la situation n'est pas décrite différemment. «Un cheval gisait sur le sol dans ses excréments, recouvert de blessures, avec juste la peau sur les os. Il n'était même pas capable de s'alimenter.»

Josef Pittino souligne pour sa part un «processus d'amélioration de la situation» sur lequel continue de travailler l'AIVC. Il existe notamment un manuel qui vise à faire respecter les normes de bien-être animal en Amérique du Sud. Il est par exemple interdit d'utiliser des chiens d'attelage, des bâtons électriques, de frapper les chevaux à la tête ou dans les parties génitales, ainsi que de mettre des fils métalliques dans leur bouche. Il rappelle également qu'aucune bête ne doit souffrir.

Des contrôles inopinés réalisés par un organisme indépendant ont lieu pour vérifier le respect de ces normes. Une plage de trois mois durant laquelle ces inspections peuvent être menées est cependant indiquée aux abattoirs. D'après l'Association zurichoise, cela laisse assez de temps aux exploitants pour faire disparaître toute trace visible de maltraitance.

Accord de libre-échange controversé

Qu'est-ce que le simple consommateur peut faire pour lutter contre ça? L'AIVC prévient qu'un boycott des abattoirs ne serait pas efficace. Les animaux continueraient d'être abattus, peut-être dans des conditions encore pires. En outre, comme les chevaux ne sont pas consommés dans ces pays, ils seraient de toute manière condamnés.

En août, la Suisse a conclu un accord de libre-échange avec l'Argentine, le Brésil, le Paraguay et l'Uruguay. Il doit cependant encore être validé par le Parlement, ce qui n'est pas encore acquis, les Verts et les milieux paysans s'y opposant. «Depuis de nombreuses années, nous soulignons l'absence de règles concernant le bien-être animal au niveau du commerce international», rappelle Regula Rytz, présidente des Verts, au «Tages-Anzeiger».

Les Verts ont décidé de rejeter l'accord si des normes de développement durable ne peuvent être appliquées. Au besoin, ils le combattront par un référendum. L'Union suisse des paysans ne s'est pour sa part pas encore prononcée sur la question. Tout dépendra des mesures prises pour le développement durable du secteur agroalimentaire en Suisse.

Ton opinion