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« Ici, faut être contremaître pour voter PS »

Depuis des années, la France entière a le regard fixé sur ce gros village où le Front national dévore des voix à gauche, de scrutin en scrutin. Cette fois, la mairie est tombée.

Publié le 05 avril 2014 à 15h14, modifié le 05 avril 2014 à 15h14 Temps de Lecture 5 min.

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Un bureau de vote à Hénin-Beaumont (Pas-de-Calais), le 23 mars.

Pour certains, c’est la première fois, ils ont en même temps peur et envie. Ils viennent de partout dans le Pas-de-Calais, ils sont très jeunes, très socialistes, leur chef a tout juste 22 ans. Peu avant les élections municipales, la fédération PS avait confié à sa section juniors une distribution de tracts à Hénin-Beaumont. Hénin-Beaumont ? Depuis des années, la France entière a le regard fixé sur ce gros village où le Front national dévore des voix à gauche, de scrutin en scrutin.

Cette fois, la mairie va tomber, sûr et certain, tout le monde le dit, deux livres ont déjà parus en librairie pour raconter la conquête du FN. Et au-delà de l’enjeu local, ce sera la fin d’une époque, en tout cas son symbole, le trou noir politique où le pays s’est mis à basculer. Pour eux, c’est la première campagne.

« On va gagner à Hénin-Beaumont. » C’est un haut dirigeant socialiste de la région qui parle, toujours pendant cette même période, juste avant les municipales. Il est calme, une sorte de divinité dédaigneuse. Il n’a aucun doute : « A chaque fois, on nous annonce la défaite, mais on y arrive toujours, à la fin. » Cela fait cinquante ans que le Parti socialiste rafle tous les pouvoirs dans le Pas-de-Calais.

« SOCIALISTE, TRAÎTRE ! »

Pour ces élections-là, la stratégie du PS consistait à démarrer le plus tard possible sur le terrain. Alain Wacheux, le maire PS sortant de Bruay-la-Buissière, a commencé à serrer les mains le 12 mars, deux semaines à peine avant le vote. « A quoi bon faire campagne ? Tout le monde me connaît. » Son père était maire avant lui, il en est à son deuxième mandat, toujours élu haut la main dès le premier tour.

En fait, le porte-à-porte doit surtout servir à récupérer « les abstentionnistes », explique-t-on aux jeunes socialistes. Rudy, militant depuis un an, retient quelques formules à la volée. « Il faut provoquer un sursaut », « faire barrage à l’extrémisme », « expliquer que l’extrême droite était contre les ouvriers pendant les grèves des années 1930 alors que la gauche les soutenait ». Rudy a 18 ans. Il se souvient « qu’il ne voyait pas le rapport », mais n’a rien osé dire. En remontant l’enfilade des maisons de brique d’Hénin-Beaumont, il a vu les visages se fermer. Quelqu’un crie « socialiste, traître ! » et un autre « dehors ! ».

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