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Confusion autour du retrait des troupes américaines du nord de la Syrie

La décision de Donald Trump de retirer les soldats américains stationnés en Syrie près de la frontière turque ne concerne que 50 à 100 membres des forces spéciales qui seront « redéployés » à l’intérieur du pays, a déclaré lundi un haut responsable américain.

Le Monde avec AFP et Reuters

Publié le 07 octobre 2019 à 06h37, modifié le 08 octobre 2019 à 01h03

Temps de Lecture 4 min.

Des troupes américaines à proximité de la frontière turque, dans le nord de la Syrie, le 6 octobre 2019.

Les Kurdes de Syrie laissés aux mains de la Turquie ? C’est finalement bien plus confus que ce qu’ont laissé entendre les Etats-Unis.

Alors que le président américain, Donald Trump a annoncé, dimanche, le retrait de troupes stationnées dans le nord de la Syrie, ouvrant ainsi la voie à l’offensive militaire promise par Ankara contre les forces kurdes, Washington semblait faire machine arrière, lundi 7 octobre, ou tentait de minimiser l’impact de cette décision, très mal accueillie par ses alliés.

« Il ne s’agit pas d’un retrait de Syrie », a assuré à des journalistes un haut responsable du gouvernement Trump qui a requis l’anonymat, ajoutant que ce redéploiement ne représentait en aucun cas « un feu vert » à une offensive militaire turque contre les forces kurdes dans le nord-est syrien.

Selon ce responsable, lorsque le président des Etats-Unis a compris, lors d’un appel téléphonique dimanche avec son homologue turc Recep Tayyip Erdogan, que ce dernier avait l’intention d’aller de l’avant avec son projet « d’invasion potentielle » du nord-est de la Syrie, il a donné la priorité à la « protection » des soldats américains.

Il y a « un petit nombre, 50 à 100 membres des forces spéciales dans cette région, et ils ne doivent pas courir le risque d’être blessés, tués ou capturés si les Turcs passent la frontière et engagent des combats avec les forces kurdes locales », a expliqué ce haut responsable. « Ils vont être redéployés vers des zones plus sûres dans les prochains jours », a-t-il ajouté. « Le fait qu’on les déplace ne constitue pas un feu vert », a-t-il insisté en confirmant toutefois que les Etats-Unis ne s’opposeraient pas militairement à la Turquie en Syrie.

  • Un retrait pour « sortir de ces guerres ridicules »

La confusion a commencé dimanche quand la Maison Blanche a annoncé le retrait de ces troupes, dans un communiqué qui rendait compte d’une conversation téléphonique entre Donald Trump et son homologue turc Recep Tayyip Erdogan :

« Les forces américaines ne vont pas soutenir ou être impliquées dans l’opération, et les forces américaines qui ont vaincu le “califat” territorial de l’Etat islamique (EI) ne seront plus à proximité immédiate. »

Lundi, dans une longue série de tweets, Donald Trump a d’abord justifié cette décision en expliquant qu’il voulait laisser aux protagonistes – « La Turquie, l’Europe, la Syrie, l’Iran, l’Irak, la Russie et les Kurdes » – impliqués dans ce conflit le soin de « résoudre la situation » :

« Il est temps pour nous de sortir de ces guerres ridicules et sans fin, dont beaucoup sont tribales. »

« On pourrait entrer [en Syrie] n’importe quelle nuit sans prévenir », a alors déclaré dans la matinée Recep Tayyip Erdogan, ajoutant : « Il est absolument hors de question pour nous de tolérer plus longtemps les menaces provenant de ces groupes terroristes. »

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La Turquie considère en effet les forces kurdes des Unités de protection du peuple (YPG), soutenues dans la lutte contre l’EI par les Etats-Unis, comme « terroristes ». Elle a maintes fois répété son souhait de créer une « zone de sécurité » entre ses frontières et les régions contrôlées par les Kurdes dans le nord de la Syrie.

  • Une décision vivement critiquée

Mais cette décision de retrait, ainsi que l’éventualité d’une intervention turque, a déclenché, lundi, un tollé au sein de la communauté internationale, et jusque dans le camp de M. Trump.

Lindsey Graham, l’un des sénateurs républicains les plus proches du président, l’a appelé lundi à « revenir » sur sa « décision », estimant que ce choix était « porteur de désastre ». Le chef de file des républicains au Sénat, Mitch McConnell, a pour sa part prévenu qu’un retrait « précipité » de Syrie profiterait à la Russie, à l’Iran et au régime de Bachar Al-Assad, exhortant le président à « prévenir un conflit important entre notre allié turc de l’OTAN et nos partenaires syriens locaux dans la lutte contre le terrorisme ».

De son côté, l’Union européenne (UE) a mis en garde contre une offensive de la Turquie dans le nord-est de la Syrie, car « une reprise des hostilités saperait les efforts engagés pour une résolution de ce conflit ». La France a elle aussi exhorté Ankara à s’abstenir de toute opération militaire en Syrie qui contribuerait à la résurgence de l’EI.

Un avis partagé par les Forces démocratiques syriennes (FDS), alliance de combattants kurdes et arabes, qui ont elles aussi averti dans un communiqué qu’une telle opération militaire turque entraînerait une résurgence majeure de l’EI et annulerait « des années de combats fructueux » contre les djihadistes. « Nous ne savons pas ce qui va se passer. (…) Nous nous préparons au pire », a quant à lui déclaré le coordinateur humanitaire des Nations unies pour la Syrie, Panos Moumtzis.

  • Washington minimise

Critiqués par ses alliés, les Etats-Unis ont tenté de les rassurer en début de soirée, par la voix du Pentagone, qui a assuré « ne pas cautionner » d’opération turque, mettant en garde Ankara contre les « conséquences déstabilisatrices » que pourrait avoir une intervention « pour la Turquie, la région et au-delà ».

Toujours en début de soirée, Donald Trump a lui aussi assuré sur Twitter que le retrait des troupes américaines ne revenait pas à laisser les mains libres à la Turquie :

« Si la Turquie fait quoi que ce soit dont j’estime, dans ma grande et inégalable sagesse, que cela dépasse les bornes, je détruirai et anéantirai complètement l’économie de la Turquie (je l’ai déjà fait !). »

Forces en présence au 7 octobre dans le nord de la Syrie, à la frontière turque.

Le Monde avec AFP et Reuters

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