L’homme de Denisova, entre Neandertal et Cro-Magnon ?

Entrée de la grotte de Denisova (Altaï, Sibérie) - © Deminalex
Entrée de la grotte de Denisova (Altaï, Sibérie) - © Deminalex
Entrée de la grotte de Denisova (Altaï, Sibérie) - © Deminalex
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L’anthropologie biologique vit actuellement des moments extraordinaires, de ces moments où tout est possible… L’Homme de Denisova, son émergence, son passé, ce que nous lui devons, est au cœur du magazine d’archéologie de France Culture.

Avec
  • Eva-Maria Geigl Directrice de recherche au CNRS et co-responsable d’une équipe en paléogénomique à l’institut Jacques Monod à Paris
  • Isabelle Crevecoeur Paléoanthropologue, chargée de recherche au CNRS (laboratoire PACEA - de la Préhistoire à l’Actuel : Culture, Environnement et Anthropologie - Bordeaux)

La troisième humanité

C’est assurément l’homme le plus fantomatique de la lignée humaine, la grande énigme de notre phylogénie. Né au cœur de l’Altaï, le sud de la Sibérie, il est l’objet de toutes les attentions, et chaque découverte à son propos mobilise la presse internationale.   

Il faut dire que sa présence n’a été décelée que tout récemment, que ses vestiges sont particulièrement rares, et que, contrairement à Neandertal ou Sapiens sapiens, son émergence est strictement liée aux extraordinaires avancées de la paléo-génétique…

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Denisova, c’est bien entendu le troisième homme, mieux la troisième humanité, objet d’un tout récent article, à la croisée de la génétique et de l’anthropologie biologique, paru dans la revue Science advances et intitulé Morphology of the Denissovian phalanx closer to modern humans than Neanderthals (Bennett et al. 2019), co-rédigé par nos invitées (avec d'autres chercheurs), Isabelle Crevecoeur, paléoanthropologue, chargée de recherche au CNRS (laboratoire Pacea,  Bordeaux) et Eva-Maria Geigl, paléogénéticienne, directrice de recherche au CNRS (Institut Jacques Monod).

Reconstruction virtuelle de la cinquième phalange distale de Denisova (Scan et reconstruction virtuelle : Bence Viola, Université de Toronto (Canada).
Reconstruction virtuelle de la cinquième phalange distale de Denisova (Scan et reconstruction virtuelle : Bence Viola, Université de Toronto (Canada).
- © Photo : Eva-Maria Geigl / Institut Jacques Monod

Sapiens, Neandertal, Denisova…

Hormis les ossements de la grotte de Denisova et une mandibule récemment étudiée provenant du Tibet, les vestiges « dénisoviens » sont rarissimes. L’étude d’un fragment de phalange vient de montrer que celle-ci était très proche de celles des humains modernes et plus éloignée de celles des Néandertaliens, alors que la génétique tend à montrer l’inverse. Parallèlement, cette proximité avec l’homme moderne contraste avec les molaires et la mandibule récemment identifiées au Tibet qui possèdent des caractères plus archaïques. Cette mosaïque de caractéristiques morphologiques interroge donc les scientifiques, à la recherche de nouveaux ossements. L’occasion de dresser un modèle phylogénétique de ces trois individus sur 1 400 000 ans à partir des génomes nucléaires et mitochondriaux de ces trois très proches cousins…

Article Morphology of the Denissovian phalanx closer to modern humans than Neanderthals (Bennett et al. 2019)

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>>> Lien vers un résumé (en français) de l'article ci-dessus.

>>> Page d'Isabelle Crévecoeur

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