Voilà un événement rare, voire sans précédent : Ségolène Royal, ancienne compagne du président François Hollande et ancienne candidate à la présidentielle de 2007, arbore un large sourire en franchissant de nouveau la porte de l’Elysée. Un grand ministère de l’Ecologie, du Développement durable et de l’Energie l’attend dans le nouveau gouvernement, de tendance nettement plus au centre et moins à gauche.

C’est du jamais vu. Les épouses et les maîtresses ont toujours joué un rôle important dans la politique française. D’après les observateurs, seuls deux des sept derniers présidents sont restés fidèles à leur femme. Pour les curieux parmi vous, il s’agissait de Charles de Gaulle et de Georges Pompidou (sic). La maîtresse de François Mitterrand, la conservatrice de musée Anne Pingeot, est par exemple à l’origine, a-t-on appris récemment, de la construction de la pyramide de verre du Louvre, qui s’est avérée être son cadeau au président. Et alors ?*

Mais de là à organiser une cohabitation sur la scène politique, à la suite d’une séparation sur fond de querelles privées dans lesquelles Valérie Trierweiler, nouvelle compagne de l’époque devenue ex, a joué un rôle majeur ? Pas étonnant que les Français aient inventé la comédie de boulevard.

Cherchez la femme

Certes, dans la politique belge aussi, cherchez la femme* est souvent un fil conducteur pour comprendre la logique de certaines décisions. Et cela vaut également dans le sens inverse, pour les femmes politiques et leurs partenaires et amants. Mais un ancien couple au sein d’un même gouvernement, l’un étant président et l’autre prenant la tête d’un grand ministère, c’est un événement sans pareil, digne d’un roman volumineux.

Sans compter que Ségolène Royal est tout sauf une servante et qu’elle a déjà montré par le passé qu’elle n’avait aucun besoin d’un homme pour faire valoir sa vision et ses opinions politiques. Il sera passionnant d’observer l’évolution des relations internes entre ces deux personnalités et de voir qui finira par faire de l’ombre à l’autre.

Reste à savoir si cette histoire savoureuse, qui va régaler les médias français pendant de longs mois, suffira à entraîner un revirement de l’opinion publique. Le socialisme français a reçu une rude sanction et n’a pas trouvé de réplique à la séduisante rhétorique antieuropéenne et nationaliste. Cette belle histoire d’anciens partenaires qui se retrouvent en politique n’y apportera pas de réponse non plus.