Pourquoi une telle réaction? Parce que le même jour, Richard s’était disputé avec un membre de sa famille qui, lui aussi, avait tambouriné à sa porte et ne voulait plus décoller de sa propriété. Lorsque son gendre s’est manifesté, le sexagénaire a pensé que l’indésirable était revenu et – c’est là que le fait divers sidère – a légitimement considéré qu’il pouvait allumer l’importun de son gun justicier. Tellement légitimement d’ailleurs que le meurtrier ne sera pas poursuivi par la justice, puisque, comme l’a déclaré le shérif du comté de Santa Rosa où s’est déroulé le drame, «on ne peut pas reprocher grand-chose à M. Dennis. Je pense qu’il s’agit juste d’un horrible accident qui n’aurait jamais dû arriver.»
La Floride, «the Gunshine State»
Bien sûr, en termes de gravité, ce fait divers n’est rien à côté des fusillades massives dans les écoles ou les lieux publics. Mais il raconte bien cette relation décomplexée que l’Américain moyen entretient avec le droit de tuer. Aux USA, à commencer par la Floride, un Etat appelé «the Gunshine State» en raison du nombre élevé de résidents possédant une arme à feu (plus de 30%), on a l’intime conviction que faire la justice soi-même est OK. Y compris si cette justice entraîne la mort. Certes, la NRA (National Rifle Association), le puissant lobby des armes à feu, joue un rôle dans ce sentiment. Et la tradition de la conquête de l’Ouest explique aussi ce phénomène qu’il faut toujours contextualiser. Tout de même. Difficile d’imaginer que le rapport quotidien à l’autre ne soit pas altéré par cette légitimité de pouvoir supprimer aussi facilement son prochain.
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