Des membres des forces séparatistes sudistes au Yémen font le V de la victoire à bord d'un char sur la périphérie de la province d'Abyane, voisine de celle d'Aden, le 29 août 2019

Des membres des forces séparatistes sudistes au Yémen font le V de la victoire à bord d'un char, à la périphérie de la province d'Abyane, voisine de celle d'Aden, le 29 août 2019 (photo d'illustration).

afp.com/Saleh Al-OBEIDI

Paris ne souhaite pas que les armes françaises soient impliquées dans le conflit au Yémen, selon Emmanuel Macron. Le chef de l'État a affirmé, ce jeudi, avoir demandé à l'Arabie Saoudite et aux Émirats arabes unis de s'en passer, tout en répétant que les matériels français n'étaient a priori "pas engagés dans des offensives". La France est accusée par de nombreuses ONG et personnalités politiques de l'opposition de vendre des armes à l'Arabie Saoudite et aux Émirats arabes unis, impliqués dans ce conflit.

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"La France a des partenariats structurants dans la région, surtout avec les Émirats" qui ont "beaucoup réduit leur implication au Yémen", et "à moindre égard avec l'Arabie Saoudite", a déclaré Emmanuel Macron lors d'une conférence de presse à Lyon. "Depuis que je suis élu, nous avons demandé des engagements clairs pour que les armements qui s'inscrivaient dans le cadre de notre coopération ne soient pas utilisés" sur le théâtre yéménite, a-t-il souligné.

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Par ailleurs, "nous avons aussi beaucoup réduit nombre de ces contrats et les plus sensibles", a fait valoir le chef de l'État français. "Je pense qu'on a réussi à ce que nos matériels ne soient pas engagés dans des offensives", a-t-il affirmé. Toutefois, a-t-il ajouté, "partout où sont identifiés et tracés des matériels français, je souhaite qu'on puisse mener des investigations sous supervision internationale et qu'on puisse demander des comptes à nos partenaires parce que ce que je leur ai demandé, c'est de ne pas les utiliser dans ce conflit".

Des milliers de morts depuis 2015

De nombreuses ONG appellent très régulièrement la France à suspendre les transferts d'armement français à Ryad et Abu Dhabi, engagés au Yémen dans une guerre qui a fait des dizaines de milliers de morts depuis 2015, en majorité des civils. Les associations de défense des droits humains dénoncent un "risque de complicité dans de graves violations" de ces droits, au mépris du Traité international sur le commerce des armes (TCA) ratifié par Paris en 2014.

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"On essaie d'être le plus rigoureux possible", a commenté le président français, tout en justifiant l'exportation d'armements à ses partenaires dans le Golfe. "Si la France disait demain 'dès qu'il y a un début de guerre avec des éléments de sensibilité, nous coupons tous les contrats militaires avec le pays', nous perdrions toute crédibilité de partenariat militaire avec quelque pays que ce soit". "Le jour où vous faites ça, l'Arabie Saoudite vous dit 'très bien, je vais avec les Russes, les Chinois'", a-t-il conclu.

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En 2018, les exportations d'armement français ont bondi de 30% à 9,1 milliards d'euros, avec pour principaux clients le Qatar, la Belgique et l'Arabie saoudite. La France est le troisième exportateur mondial d'équipements militaires. Depuis 2016, 12 pays européens, dont l'Allemagne, la Belgique, l'Italie et le Royaume-Uni ont annoncé des mesures pour suspendre ou limiter leurs exportations d'armement vers Ryad et Abou Dhabi.

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