«Viva la Vulva» : quand montrer les règles dans la publicité choque

Plusieurs milliers de téléspectateurs appellent au retrait d’une publicité de la marque Nana, qui montre le sexe féminin et des menstruations.

 Le spot publicitaire, intitulé "Viva la vulva" a fait l’objet d’un millier de saisies auprès du CSA.
Le spot publicitaire, intitulé "Viva la vulva" a fait l’objet d’un millier de saisies auprès du CSA. Nana

    Nana met les pieds dans le plat, ou plutôt du sang sur la serviette. Dans une publicité télévisée, la marque de produits hygiéniques dit adieu au traditionnel et -décrié- liquide bleu pour représenter les règles, remplacé par la couleur rouge. La vulve s'expose également, bien que métaphoriquement, sous toutes les coutures. Une première qui ne plait pas à tout le monde, preuve que ce tabou n'est pas encore levé.

    Depuis la diffusion de la publicité, contrairement à une information reprise par plusieurs médias, le Conseil supérieur de l'audiovisuel (CSA) n'a pas reçu 400 plaintes (un chiffre du CSA australien en réalité, NDLR), mais a été saisi près de 1 000 fois. « Un chiffre qui n'est pas considérable », tempère l'instance au Parisien.

    Le spot, d'une trentaine de secondes reprend à son compte un message porté depuis longtemps par les féministes : valoriser le sexe féminin, et lever le tabou des règles. Représentée sous plusieurs formes, la vulve s'affiche donc en images animées. Sur une serviette hygiénique, une trace rouge est également montrée, contrairement au traditionnel liquide bleu décrié.

    « C'est une des caractéristiques des marques de surfer sur les tendances sociales. Cela signifie que le mouvement féministe qui réclame que l'on parle autrement des règles est considéré comme assez puissant pour que les marques s'en emparent », rappelle Élise Thiébaut, autrice de « Ceci est mon sang » et « Les Règles, quelle aventure ! ».

    Une publicité féministe ?

    Au risque de déranger certains téléspectateurs. « Les orientations des saisies sont pour la plupart : c'est choquant », explique par exemple le CSA. L'administration devra décider si elle instruit le dossier, en se basant sur les lois en vigueur. « Les sanctions sont très rares pour les publicités, les publicitaires font attention », glisse-t-on.

    Certains espèrent faire retirer la publicité par voie de pétition. « Cette pub montre une image dégradante sur l'intimité de la femme. D'autant plus que cette publicité passe à toutes heures de la journée sur des chaînes publiques. Cette publicité est choquante aux yeux de tous et surtout aux yeux des plus jeunes téléspectateurs », peut-on lire sur la page Change.org « Pétition contre la PUB Nana 2019 », qui a reçu près de 8 500 signatures.

    « Je ne m'étonne pas que des personnes soient choquées et je ne leur en veux pas. Elles ont été éduquées de cette manière la, imprégnées de préjugés négatifs sur les règles », poursuit-elle. « Je m'interroge sur la culture du buzz. C'est certains que cela va les aider à vendre mais ce qui fait avancer les choses, ce sont davantage les hommes et les femmes qui interrogent les tabous de notre société. Et subissent des freins, qui sont invisibilisés, ou qui doivent faire face à du harcèlement en ligne », conclut Élise Thiébaut.