Seveso en Italie toujours contaminée 43 ans après le drame

Après le drame de Seveso en Italie en 1976 ©Getty - Marka /Universal Images Group
Après le drame de Seveso en Italie en 1976 ©Getty - Marka /Universal Images Group
Après le drame de Seveso en Italie en 1976 ©Getty - Marka /Universal Images Group
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Tout le monde connaît Seveso du nom de la réglementation européenne sur les risques industriels. Seveso est aussi une petite ville à une vingtaine de kilomètres au nord de Milan qui a vécu un drame en 1976. Des produits chimiques échappés d’une usine. On découvrait alors les dangers des dioxines encore présentes.

Il ne reste plus qu'un mur de l'ancienne usine Icmesa. A sa place, un terrain de sport et une piscine construits exactement sur l'emplacement du réacteur. Les déchets contaminés ont été enterrés à cet endroit dans une vasque en béton. Un peu plus loin, une autre vasque bien plus grande sur laquelle un parc a été planté. Ce parc est la mémoire du désastre de Seveso. 

"Comme une guerre"

A l'époque Giuseppe avait 16 ans, il habitait dans la zone R dite de Respect, contaminée, mais pas assez proche pour être évacuée. Il se souvient de ses parents qui ne cessaient de lui dire de se laver.

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"Mon père et ma mère me disaient qu'il fallait se laver, se laver le visage, se laver partout, au point qu'aujourd’hui ils ont encore peur de cette dioxine. C'était comme une guerre !"

Il ne reste plus qu'un mur de l'usine Icmesa encore visible à Meda la ville voisine de Seveso
Il ne reste plus qu'un mur de l'usine Icmesa encore visible à Meda la ville voisine de Seveso
© Radio France - Bruce de Galzain

Plusieurs jours sans information 

Nous sommes le samedi 10 juillet 1976, il est 12h37. Le réacteur de l'usine Icmesa est en surchauffe et saute. Le nuage qui s’échappe fait peur mais personne ne sait encore ce que c’est. Icmesa fabrique des substances chimiques. De quoi inquiéter la population, mais personne n’est averti du danger. Ce n’est que plusieurs jours après la catastrophe que des zones spécifiques sont mises en place. Dans la zone A les populations sont déplacées, la zone B est également contaminée comme la zone R dite de Respect. 

Des animaux sont abattus. L'agriculture et l'élevage sont interdits pendant près de 10 ans. Depuis, des normes doivent être respectées lorsque des habitations ou des entreprises sont construites à proximité de Seveso. Mais  comme le dit de manière ironique Gianni Del Pero, géologue et président de l'ONG WWF Lombardie,  les autorités avaient "oublié" de mettre en place des normes pour les terres agricoles afin de savoir ce que mange la population. 

Cette année au niveau national et après tant d’années d’attente, le ministre de l’environnement a signé un décret afin de contrôler les aliments. On peut penser raisonnablement que le risque pour la santé sera très faible mais aujourd'hui on ne le sait pas !»

Un projet d'autoroute qui ravive les peurs

Gianni Del Pero a une certitude, celle que les dioxines sont encore bien présentes dans le sol de Seveso et des villes alentour. Ces dioxines pourraient aussi de nouveau être inhalées par la population en raison des travaux prévus pour la construction d’une autoroute. Le projet date du début des années 2000. La route nationale qui part de Milan pour rejoindre Meda, ville voisine de Seveso est très encombrée et sera transformée en autoroute. Mais pour cela il faudra déplacer la terre encore contaminée et les dioxines pourraient alors s’échapper dans l’air. Un plan d’assainissement des sols vient d’être voté. Il est sensé éviter que les dioxines s'échappent dans l'air.

10 millions d'euros pour éviter que les dioxines contaminent l'air

Le Maire de Seveso Luca Allievi veut développer son territoire. Selon lui le progrès doit aller de pair avec le respect de l’environnement. "Ce n’est pas parce qu’il y a du progrès qu’il n’y  pas de respect de l’environnement ou alors on respecte l’environnement mais on s’arrête on n’avance plus", lâche Luca Allievi. 

Pour le maire de la petite commune de 23.500 habitants, "les travailleurs, les entrepreneurs ont besoin de se déplacer, de faire du business car sans business sans travail une terre meurt de toutes façons !

Le maire de Seveso Luca Allievi et le géologue Gianni Del Pero président de WWF Lombardie devant un panneau du parc naturel retraçant l'histoire du drame de Seveso
Le maire de Seveso Luca Allievi et le géologue Gianni Del Pero président de WWF Lombardie devant un panneau du parc naturel retraçant l'histoire du drame de Seveso
© Radio France - Bruce de Galzain
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