En cette matinée du dernier lundi de février, trois jours avant que la lutte contre le virus Ebola ne se transforme en guerre ouverte dans l’est de la République démocratique du Congo (RDC), le docteur Jean-Christophe Shako se tient debout sous un soleil brûlant, dans la ville de Katwa. Entre les eucalyptus et les champs de maïs, il contemple les ruines fumantes de ce qui était le centre de soins de l’organisation non-gouvernementale Médecins sans frontières (MSF).

Le directeur de la lutte contre Ebola à Butembo est consterné. Les traits de son visage expriment un mélange de colère et de lassitude. Deux rides profondes se sont creusées sur son front. “Les gens d’ici refusent tout simplement d’accepter l’existence de cette maladie, dit le Congolais d’une voix douce.

Ils pensent que nous sommes en train de les tuer avec ce vaccin contre le virus, que nos cliniques sèment la mort et que le gouvernement cherche à éradiquer leur peuple, les Nande.

Un amas de charpentes calcinées

La veille, à la nuit tombée, une trentaine d’hommes sont sortis de la brousse et ont attaqué le centre de soins, armés de machettes, d’arcs et de flèches. Les patients ont été évacués. Mais les assaillants ont laissé des tracts derrière eux : “Nous avons d’