
JAPON - Maisons submergées, glissements de terrain, cours d’eau en furie... Le puissant typhon Hagibis, chargé de pluies d’une intensité “sans précédent”, a semé la désolation en traversant le centre et l’est du Japon, et notamment l’agglomération géante de Tokyo, dans la nuit du samedi 12 au dimanche 13 octobre.
La tempête a causé la mort d’au moins 14 personnes, selon un bilan provisoire. La chaîne de télévision publique NHK a compté près de 140 blessés et la disparition de 9 personnes. “Le gouvernement fera son maximum” a assuré le Premier ministre Shinzo Abe, qui s’est dit prêt à déployer plus de troupes.
Vers 23 heures (16 heures à Paris), la pluie et les rafales avaient cessé à Tokyo, le typhon poursuivant sa route vers le nord-est. Il avait accosté peu avant 19 heures (12 heures à Paris) et atteint la capitale japonaise vers 21 heures, accompagné de rafales allant jusqu’à près de 200 km/h, selon l’agence météorologique japonaise JMA.
Dimanche matin, le ciel de la capitale, noir de pluie la veille, était limpide, une légère brise soufflait et la chaleur des automnes tokyoïtes reprenait ses droits.
Des millions de Japonais évacués
Dès samedi matin, les franges du typhon ont fait un mort dans la région de Chiba (banlieue est de Tokyo), un homme retrouvé dans une camionnette renversée, selon les pompiers. Dans la ville de Kawasaki city, près de Tokyo, un sexagénaire a été retrouvé dans sa maison noyée sous 3 mètres d’eau.
Plusieurs glissements de terrain ont été signalés, notamment dans la région de Gunma (au nord de Tokyo) où deux personnes sont mortes, selon les autorités locales, un sexagénaire et un homme dont l’âge n’a pu être précisé.
Une femme a été retrouvée en état d’“arrêt cardiorespiratoire” -un terme souvent employé au Japon avant la confirmation du décès par un médecin- après avoir été extirpée par les secours de sa maison ensevelie par un glissement de terrain à Samigahara, au sud-ouest de Tokyo, selon les médias japonais.
Une autre femme a été trouvée en arrêt cardiorespiratoire dans un fossé dans la région Tochigi (centre) et le corps d’un employé municipal de 25 ans qui rentrait du travail a été découvert non loin de son véhicule envahi par les eaux, selon des responsables locaux.
Une quinzaine de personnes étaient par ailleurs portées disparues, dont trois à bord d’une voiture emportée par le courant après l’effondrement d’un pont dans la région de Nagano (centre), a confirmé à l’AFP un responsable local.
Quelque 7,3 millions de Japonais avaient reçu samedi des consignes d’évacuation après des précipitations record ayant conduit au déclenchement de l’alerte pluies maximale dans plusieurs régions, un niveau réservé en prévision de possibles catastrophes. Plusieurs dizaines de milliers de personnes avaient suivi ces consignes, non obligatoires. Elles étaient accueillies dans des refuges (gymnases, salles polyvalentes) avec de la nourriture d’urgence, de l’eau et des couvertures.

Des alarmes à Fukushima
“Je suis parti parce que le toit de ma maison a été emporté et la pluie tombait à l’intérieur. Je suis très inquiet pour ma maison”, a raconté à la NHK un homme de 93 ans réfugié dans un centre d’hébergement de Tateyama, dans la préfecture de Chiba, déjà durement touchée par un précédent typhon le mois dernier.
Comme si le sort voulait s’acharner sur Chiba, un tremblement de terre de magnitude 5,7 s’est déclaré au large de cette préfecture à 18h22 (11h22 à Paris), sans provoquer de tsunami.
“J’ai 77 ans et je n’ai jamais vécu cela. À l’étage de la maison, on entend un vacarme infernal de la pluie et du vent, un bout du toit est parti. Pendant une heure la maison a tremblé à cause du vent et de la pluie”, a témoigné auprès de l’AFP Hidetsugu Nishimura, un habitant terré chez lui à Yohohoma (ouest de Tokyo).

La JMA a mis en garde contre des glissements de terrain, les hautes vagues et les inondations. Plusieurs cours d’eau sont sortis de leur lit, dont le fleuve Tama à l’ouest de Tokyo, qui borde des zones densément peuplées. Les autorités ont aussi libéré partiellement l’eau de plusieurs barrages menaçant de déborder en raison des pluies diluviennes, ce qui augmentait toutefois les craintes d’inondations en aval.
Plusieurs alarmes dues à des débordements d’eau ont par ailleurs retenti à la centrale nucléaire de Fukushima-Daiichi (nord-est), dévastée depuis le tsunami de mars 2011, mais l’opérateur Tokyo Electric Power n’a pas signalé d’anomalie grave à ce stade.
Près d’un demi-million de foyers dans la région de Tokyo ont été privés d’électricité samedi durant la tempête.

Trois matches de la Coupe du monde de rugby annulés
Des usines avaient fermé, tout comme de nombreux supermarchés et supérettes de Tokyo, après avoir été assaillis vendredi par des habitants venus faire des réserves.
La tempête a aussi bouleversé l’organisation de deux compétitions sportives organisées au Japon: les qualifications du Grand Prix de Formule 1 de Suzuka (centre) ont été reportées à dimanche matin, tandis que deux matches du Mondial de rugby qui devaient se tenir samedi (France-Angleterre et Nouvelle-Zélande-Italie) ont été annulés dès jeudi.
Les organisateurs de la Coupe du monde de rugby ont en outre annoncé dimanche l’annulation d’un troisième match, Namibie-Canada, prévu à Kamaishi (nord). L’annulation du match est synonyme de match nul (0-0) entre les deux équipes. Ce match devait opposer deux équipes déjà éliminées dans la course à la qualification pour les quarts de finale.
World Rugby a annoncé peu après que les rencontres Galles-Uruguay et USA-Tonga auraient bien lieu comme prévu, tout comme la rencontre entre l’Écosse et le Japon dimanche, décisive pour l’Écosse.
Les avions cloués au sol
Le typhon paralysait par ailleurs les transports dans la grande région de Tokyo, en ce week-end prolongé par un lundi férié: liaisons aériennes, ferroviaires et lignes de métro ont été suspendues samedi.
Le Japon est frappé par une vingtaine de typhons chaque année. Avant Hagibis, Faxai avait tué au moins deux personnes début septembre et provoqué d’importants dégâts à Chiba.
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