Bien nourrir son cerveau

L'addiction au sucre. Selon une étude menée au laboratoire du CNRS à Bordeaux, si on donne a des rats de la cocaïne et de l’eau sucrée jusqu’à les rendre dépendants aux deux substances : 8 fois sur 10, le rat a choisi le sucre. ©Getty - berkpixels
L'addiction au sucre. Selon une étude menée au laboratoire du CNRS à Bordeaux, si on donne a des rats de la cocaïne et de l’eau sucrée jusqu’à les rendre dépendants aux deux substances : 8 fois sur 10, le rat a choisi le sucre. ©Getty - berkpixels
L'addiction au sucre. Selon une étude menée au laboratoire du CNRS à Bordeaux, si on donne a des rats de la cocaïne et de l’eau sucrée jusqu’à les rendre dépendants aux deux substances : 8 fois sur 10, le rat a choisi le sucre. ©Getty - berkpixels
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Savez-vous que nos capacités intellectuelles avaient aussi un lien avec ce que nous mangeons ?

Cette semaine n’écoutant que mon courage face à mes limites de compétence avérées en matière scientifique, je me suis penché sur un documentaire actuellement à l’antenne sur ARTE et dont le titre m’a intrigué : "Bien nourrir son cerveau" Parce que si nous sommes tous d’accord pour constater que notre alimentation détermine un certain nombre de paramètres qui font que nous sommes en bonne santé, voire en forme ou en très grande forme, ou dans un état pitoyable après trois foulées de jogging, avez-vous imaginé que, au delà de nos poumons, nos muscles, nos intestins ou notre foie, nos capacités intellectuelles avaient aussi un lien avec ce que nous mangeons ?

Première découverte avec ce documentaire, un nombre conséquent de chercheurs connectés, et visiblement des pointures, à Bordeaux, Lisbonne, Cork, Melbourne, Lübeck et dans l’université de l’Oregon aux Etats-Unis, passent leur temps depuis quelques années à scanner nos méninges pour y observer à quel point le bon fonctionnement de nos neurones dépend d’une nourriture saine. Raphaël Hitier, le réalisateur, vous amène ainsi faire le tour du monde de ces labos en commençant par une étude menée en Australie sur la nourriture des femmes enceintes qui montre que celles qui se nourrissent de junk food riche en gras, en sucre et pauvre en nutriments donneraient davantage naissance à des enfants colériques. Bon, là d’accord, je l’avoue, l’état colérique étant un peu subjectif à mes yeux, ce premier exemple ne m’a pas convaincu. Mais la suite est édifiante, avec des expériences qui s’avèrent pour certaines assez spectaculaires.

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Les effets du sucre

Tiens par exemple, Philippe, les effets du sucre. Imaginez-vous que l’on vous met dans un scanner affublé d’un tube qui vous permet de siroter tranquillement le milkshake de vos rêves, au parfum que vous adorez, celui du vrai réconfort, un poil régressif, mais si bon. Si on vous pose des électrodes sur la tête, on peut aujourd’hui visualiser la partie de votre cerveau qui s’allume au moment de cette satisfaction, zone que les neurologues appellent celle de la récompense. Et si cette expérience est renouvelée régulièrement, on verra que les neurones sollicités s’intéressent de moins en moins à votre milkshake. Pour qu’ils se rallument, il va donc falloir augmenter les doses. Encore plus spectaculaire, une autre recherche pour laquelle je demande à nos auditeurs sensibles au bien-être des rats de bien vouloir se boucher les oreilles quelques secondes. Dans ce laboratoire du CNRS à Bordeaux, on donne à des rats de la cocaïne et de l’eau sucrée jusqu’à les rendre dépendants aux deux substances, dont vous noterez quand même au passage, que l’une est illégale ! Au bout d’un certain temps, on met le rat en manque dans une pièce où il peut actionner deux trappes, l’une pour se faire une ligne de ce qui pourrait certes ressembler à du sucre glace, l’autre pour boire de l’eau sucrée, et évidemment, il n’a droit qu’à l’une des deux options. Et là, Caroline, Matéo, Philippe, sur dix fois mis dans cette situation, à votre avis, que fait le rat ? Et bien 8 fois, on le voit à l’image, il est comme un dingue et vient se faire une bonne dose de substance légale, pas chère et largement disponible.

L’addiction au sucre est ainsi l’une des recherches fondamentales de ce que l’on appelle désormais la neuro-nutrition, discipline qui a un grand avenir mais qui ne va pas aider l’agro-industrie à se refaire une santé.

Sur ARTE TV, disponible jusqu’au 19 novembre

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