Des manifestations se déroulent dans les villes d'Haïti depuis plusieurs mois pour demander la démission du président Jovenel Moïse. Ici le 4 octobre 2019 à Port-au-Prince. ©AFP - CHANDAN KHANNA
Des manifestations se déroulent dans les villes d'Haïti depuis plusieurs mois pour demander la démission du président Jovenel Moïse. Ici le 4 octobre 2019 à Port-au-Prince. ©AFP - CHANDAN KHANNA
Des manifestations se déroulent dans les villes d'Haïti depuis plusieurs mois pour demander la démission du président Jovenel Moïse. Ici le 4 octobre 2019 à Port-au-Prince. ©AFP - CHANDAN KHANNA
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Ce sont les mots du romancier haïtien Lyonel Trouillot, dans une tribune parue dans l’Humanité. "Sans verser dans la théorie du complot" écrit-il, "il y a quelque chose d’inquiétant dans le silence de la communauté internationale sur la situation haïtienne". Entretien avec le politologue Eric Sauray

Avec
  • Eric Sauray, avocat, politologue spécialiste des institutions haïtiennes

Des manifestations réprimées par l'armée, des barrages qui paralysent tout, des pénuries d’électricité et d’eau, des malades qui meurent à la porte de l’hôpital, des écoles qui pour la plupart n’out pas rouvert depuis septembre… Les Haïtiens demandent depuis des mois la démission de leur président Jovenel Moïse, président corrompu et insaisissable dont le cortège ne fait toujours que passer, dont personne ne sait où il dort et dont le dernier discours fin septembre pour demander une « trêve », a été diffusé en pleine nuit, à 2 heures du matin.

L’élection de Jovenel Moïse en 2017 avait été reconnue comme « légitime » par les pays alliés, notamment occidentaux… pays aujourd’hui silencieux dénonce Lyonel Trouillot qui ajoute : « est-ce parce que ceux, beaucoup moins nombreux, qui manifestent à Hong-Kong sont des « militants prodémocratie » et que ceux qui manifestent et se font tirer dessus en Haïti ne le sont pas ?

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Il y a aujourd'hui en Haïti un Core group, groupe informel composé des ambassadeurs de la France, du Canada, du Brésil, des EU, un représentant du secrétaire général de l’ONU etc.: c'est comme si nous avions en France un groupe représentant les grandes puissances mondiales et qui demanderait systématiquement aux autorités françaises ce qu'elles décident et pourquoi, et comment il peut l'y aider...  En Haïti c'est parfois utile pour créer du dialogue, mais la difficulté c’est qu’aujourd’hui  la France et le Canada seraient pour un départ de Jovenel Moïse tandis que les Etats-Unis et le Brésil ne le sont pas. Il faut avoir cette contradiction en tête, et peut-être faudrait-il la retrouver au sein de la société haïtienne pour qu'un dialogue s'instaure vraiment... Là, toutes les forces vives de la Nation sont dans un même camp pour demander le départ du Président.     Eric Sauray

A lire, cet article de Florence Aubenas paru dans Le Monde en mars dernier: "La génération "fin du monde" mène la contestation qui bouleverse Haïti" 

Et cette tribune parue dans le même journal, sur l'audit de PetroCaribe: "L'audit de PetroCaribe dessine une autre architecture de la corruption en Haïti"

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