Marseille : condamnés pour avoir violé et contraint une ado de 15 ans à la prostitution
Quatre hommes, accusés de proxénétisme aggravé sur mineure, séquestration, enlèvement, viol et violences, ont été reconnus coupables par la cour d’assises d’Aix-en-Provence.

Quatre jeunes hommes, âgés de 24 à 27 ans, ont été condamnés par la cour d'assises d'Aix-en-Provence à des peines de sept à dix ans de prison pour avoir séquestré, violé et contraint Sofia (le prénom a été changé), une adolescente de 15 ans, à se prostituer à Marseille, rapporte La Provence.
Le plus jeune des accusés a écopé d'une peine de sept ans de prison. Un autre, le seul sous contrôle judiciaire, a été condamné à neuf ans d'emprisonnement alors que les deux suspects les plus âgés se sont vus infliger une peine de dix ans de prison.
L'avocat général avait requis des peines de 8 à 14 ans de réclusion dans cette affaire de proxénétisme aggravé sur mineure, séquestration, enlèvement, viol et violence, qui a été jugée pendant cinq jours à huis clos à la demande de l'avocat de la victime.
Lors de ces cinq journées d'audience, les jurés ont pu mieux cerner comment Sofia, en rupture sociale, est tombée dans les mains de ces quatre bourreaux installés dans le IIIe arrondissement de Marseille. La cour a également pris conscience du calvaire sans nom vécu par l'adolescente.
Sofia a 15 ans lorsqu'en juin 2015, elle s'échappe de sa famille d'accueil à Rodez. Elle file à Marseille où elle « charbonne » (vend des stupéfiants), quand elle rencontre Sarah, début août. Le début de trois mois interminables.
Après avoir eu une relation sexuelle consentie avec un ami de Sarah, Sofia est séquestrée dans un squat et obligée de se prostituer sur un boulevard de Marseille. Les accusés lui font comprendre qu'elle « n'a pas le choix »… L'adolescente – dont personne ne semble ignorer l'âge – doit gagner « 600 euros par soir ». De l'argent récupéré en grande partie par les quatre proxénètes.
Un véritable enfer
Pendant de longues semaines, Sofia va vivre sous la coupe de ces quatre voyous de petite envergure qui n'hésitent pas à se montrer violents. La liste des blessures de la jeune femme, examinée en octobre 2015 par un médecin, fait froid dans le dos : hématomes au visage, yeux injectés de sang sous les coups, bleus sur les jambes…
Après deux mois de cet enfer, en octobre 2015, Sofia échappe à la surveillance de ses geôliers et se réfugie dans des hôtels. Mais ses tortionnaires parviennent à la retrouver le 2 octobre. « Paniquée », « cherchant de l'aide » selon le réceptionniste de l'hôtel, elle est embarquée de force dans une voiture. Ramenée au squat, elle sera séquestrée, frappée et « violée à plusieurs reprises » durant trois jours. Elle parviendra finalement à s'échapper et à contacter la police le 5 octobre.
Son témoignage, en visioconférence, lors du procès a été « très éprouvant », déclare Armelle Le Bigot-Macaux, présidente de l'association Agir contre la prostitution des enfants (ACPE) à La Provence. « Elle a été d'un courage exemplaire » poursuit la présidente de l'ACPE. « Cela reste très dur pour elle mais cette confrontation l'aidera dans sa reconstruction ».