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«Soutenir la présence d’une femme portant un uniforme islamiste au sein d’une assemblée démocratique est une faute»

Céline Pina. Jean-Christophe MARMARA/Le Figaro

FIGAROVOX/TRIBUNE - Un élu RN a créé la polémique vendredi en prenant à partie une femme voilée qui assisitait à un conseil régional. Plutôt que de s’en prendre à lui, les autres partis politiques ne devraient pas abandonner au Rassemblement National le monopole de la défense des valeurs républicaines, estime Céline Pina.


Ancienne élue locale, Céline Pina est essayiste et militante. Elle est la fondatrice de «Viv(r)e la République», mouvement citoyen laïque et républicain appelant à lutter contre tous les totalitarismes et pour la promotion des valeurs républicaines. Elle est l’auteur de Silence coupable (Kero, 2016).


Vendredi 11 octobre a eu lieu un incident de séance révélateur des tensions que connaît notre société face à la montée de l’islamisme. Au sein du Conseil régional de Bourgogne, un élu RN a interpellé la présidente de Région au sujet de la présence dans le public d’une femme portant un voile islamiste (noir très couvrant et qui rappelle les tenues des femmes de Daech). Faisant remarquer que cette ostentation religieuse était contraire à la laïcité, les élus RN ont finalement choisi de quitter l’hémicycle tandis que la présidente de la région menace de porter plainte non contre la femme portant tous les signes de la radicalisation religieuse, mais contre l’élu protestataire. Or, ces réactions de soutien de la part de l’ensemble des politiques à la femme totalement voilée dont la présence a suscité la réaction d’un élu RN sont plus qu’une simple erreur. Ce choix est une faute.

Le voile n’est pas un vêtement mais un signe.

Pour cette fois, l’élu RN a raison. Le voile n’est pas un vêtement mais un signe. Il porte un message vers l’extérieur, celui du refus de l’égalité au nom du sexe et celui de l’impureté du corps de la femme. Ce message politique est contraire aux principes et idéaux qui fondent notre République. Il n’a pas sa place au sein d’une enceinte démocratique.

D’ailleurs, je me souviens que le cas s’était présenté au Sénat où j’ai longtemps travaillé, lors d’une visite de l’institution. Une jeune femme, qui avait refusé d’ôter son voile, n’avait pas été autorisée à entrer dans l’hémicycle. Ce qui met ici mal à l’aise, c’est de voir que le seul qui réagit et est conscient de la provocation que représente cette femme portant le voile des islamistes est un élu du RN. Accréditant l’idée que finalement, eux seuls parlent vrais et sont lucides.

Le problème, c’est qu’il le fait à partir d’une lecture du monde qui n’est pas républicaine et que l’histoire de son parti porte en elle une idée de la Nation qui ne fonde pas la société sur une vision partagée de l’histoire, un accord autour d’idéaux et des principes traçant les limites d’un monde commun, mais sur une logique ethnique. Il est donc assez mal placé pour se positionner en gardien d’un temple républicain que sa famille politique a toujours combattu.

L’islamisme s’attaque aux fondations démocratiques de nos sociétés.

Au lieu de se plaindre aujourd’hui dans les journaux, drapée dans la posture de celle qui protège les «mamans musulmanes humiliées», la présidente du Conseil régional aurait dû réagir de manière républicaine. En effet, on est ici en face d’un acte militant visant à imposer un signe qui crache sur l’égalité femme/homme, au cœur de l’espace qui devrait s’attacher à la faire respecter. La présidente se serait grandie en prenant la parole après l’élu pour dire que si la loi et le règlement intérieur ne lui permettaient pas d’interdire à une personne arborant un signe à la fois sexiste, religieux et prosélyte, l’accès à l’hémicycle, il n’en restait pas moins qu’une telle présence et un tel affichage n’avaient pas leur place au sein de l’institution régionale. Pas parce que la République aurait un problème avec les musulmans, mais parce qu’elle s’est construite sur une vision universelle de l’être humain. Une vision qui dit que nous sommes égaux en droit à raison de notre humanité commune et que nul ne peut restreindre ce droit en le limitant à raison du sexe, de la couleur de peau, du statut social...

L’islamisme s’attaque aux fondations démocratiques de nos sociétés car celles-ci reposent sur le refus de voir les différences anthropologiques se traduire en inégalités sociales.

Le voile dit le contraire, qui assigne à la femme un destin d’inférieure. Il est l’arme de provocation favorite de ce mouvement qui a réussi à islamiser certains territoires et à bâillonner les élus. Ceux-ci, terrorisés à l’idée de se faire traiter d’islamophobes, deviennent des jouets entre les mains des stratèges de l’Islam politique. La provocation de cette femme qui amène un signe indigne au sein d’une assemblée démocratique, quelques jours à peine après un drame qui a endeuillé la nation est choquante. Qu’elle en soit consciente ou non. Or cela ne fait réagir qu’un élu RN, ce qui entraîne par réflexe grégaire les autres élus à justifier l’injustifiable pour exhiber leur appartenance à un hypothétique camp du bien. C’est à la fois ridicule et dangereux. En effet, c’est exactement ce type d’attitude qui fait le lit du RN, augmente l’emprise des islamistes sur les musulmans (qui sont vus comme forts, manipulateurs, capables de faire baisser les yeux de ceux qui devraient les combattre) et laissent pantois la majorité des Français. Ceux-ci sont mal à l’aise devant des élus sans boussole qui ne peuvent incarner une quelconque autorité car ils ne savent pas quel est leur rôle. En attendant, l’islamisme marque des points alors que le discours de Macron sur l’hydre islamiste est déjà oublié, tant on voit bien qu’il n’existe que pour masquer le choix de l’inaction.

Nos élus n’ont toujours pas pris conscience de ce qu’est cet islamisme qui s’attaque aux fondations de notre contrat social et sème la terreur par le terrorisme.

Cet incident, mal géré, est une nouvelle preuve que nos élus n’ont toujours pas pris conscience de ce qu’est cet islamisme qui s’attaque aux fondations de notre contrat social d’un côté et sème la terreur par des actes terroristes de l’autre. Cette jeune femme a été mise en face de la signification qu’implique son uniforme, donc de sa radicalisation. Il n’y a pas là matière à parler de traumatisme et à nourrir une polémique. L’exercice de l’autorité n’est pas chose facile mais face à ce type de provocation, elle devient de plus en plus indispensable. Sinon en face du péril islamiste grandissant, la seule alternative deviendra le RN et nous aurons collectivement perdu ce qui fait la grandeur et le génie de la France, une certaine idée de la dignité de l’être humain.

«Soutenir la présence d’une femme portant un uniforme islamiste au sein d’une assemblée démocratique est une faute»

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199 commentaires
  • maurice larrayadieu

    le

    Je trouve que l'article de madame Céline PINA résume parfaitement la situation actuelle : Cette intrusion d'une femme voilée est une provocation délibérée. Il est probable qu'elle a été instrumentalisée. Dés lors les élus , tous les élus, auraient du réagir comme l'élu RN. Ils sont grassement payés à soutenir les actions d'un parti qui, en nous fermant les yeux sur un danger certain (l'islamisme conquérant) ,nous rapproche un plus de la guerre civile. Sauf à dire que la présidence d'un Conseil Régional est du pipi de chat, la présidente dont il est question à manifestement raté non virage. Elle devrait démissionner.

  • Floch23

    le

    Bien d' accord et le plus terrible est d'être HUMILIÉE car traitée par Certains d' islamophobes , d' extrémistes alors qu' il n' en est RIEN.Seulement le désir de vivre dans l' UNION RÉPUBLICAINE. Un signe quelconque affiché en public or plus utilisé ou ayant été traditionnellement utilisé par une religion spécifique ne favorise pas cette UNION . Celles qui le portent en France le savent bien, . N' ont elles rien d' Autres pour se vêtir.? pas les moyens pour acheter un petit foulard Plus DISCRET ET SURTOUT AUTRE QUE NOIR ? LE NOIR signe D' UN INSTANT DE DEUIL .Leur compagnon n' a t' il pas un petit peu d' argent pour acheter un petit bout de tissu coloré, à Fleurs ou autres ? Bien triste dommage.

  • django13

    le

    Tout est dit ! Mais combien de politiques -hors RN- sont prêts à soutenir cette ligne ? Ils ont bien trop peur d’être vus comme « faisant le jeu du RN »

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