Trump et la Syrie : un coup de téléphone aux conséquences effrayantes

Soldats turcs et leurs supplétifs syriens se rassemblant aux abords de Manbij ©AFP - Zein Al RIFAI
Soldats turcs et leurs supplétifs syriens se rassemblant aux abords de Manbij ©AFP - Zein Al RIFAI
Soldats turcs et leurs supplétifs syriens se rassemblant aux abords de Manbij ©AFP - Zein Al RIFAI
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Il y a 9 jours, Trump donnait son feu vert à l'intervention turque dans le Nord-Syrie, décision désastreuse qui remet le Moyen-Orient au bord du précipice, avec la Russie aux avants-postes. Dans la presse catalane, l'appel des éditorialistes à tourner la page d'un indépendantisme conflictuel.

La presse américaine ne renonce toujours pas à trouver un sens aux agissements de Donald Trump en matière de politique étrangère. 

L'intention est louable mais a-t-elle encore une seule chance de succès ?  En tous cas ils sont nombreux, les spécialistes de l'international, dans les journaux d'outre-Atlantique à chercher à comprendre, à trouver un fil logique, une cohérence dans la dernière et catastrophique séquence sur la Syrie. 

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Pour résumer, avec l'éditorial du New York Times, on dira donc que le 6 octobre, dans un entretien téléphonique qu'il a de toute évidence improvisé avec le président turc Erdogan, Donald Trump a accepté de retirer ses soldats du nord de la Syrie, laissant les combattants kurdes des YPG, alliés des Américains, face à l'imminence d'une offensive turque qui s'annonçait dévastatrice. 

Et depuis, tout ce que l'on pouvait craindre pour les Kurdes et pour la sécurité de la région s'est réalisé, et même pire encore, selon le journaliste Richard Engel, dépêché sur place par la chaîne MSNBC.  

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L'affaire est simple,  à entendre Richard Engel. Il y a 8 jours qui paraissent déjà une éternité, Trump a donné son feu vert à Erdogan, qui a attaqué les Kurdes. Sauf qu'il ne fait pas que les bombarder :  il a aussi lâché sur le terrain des milices syriennes, des combattants sunnites dont plusieurs sont des anciens de Daech et d'Al Qaeda, des "troupes de choc" qui agissent comme supplétifs aux ordres de la Turquie et commettent des exactions contre les populations kurdes. Ce sont ces troupes de choc et les atrocités qu'elles ont perpêtrées qui ont fait paniquer les Kurdes et les ont poussé, en quelques jours, voyant les Américains partir, à se tourner vers leur vieil ennemi Bachar El Assad et à lui demander de l'aide contre les Turcs.   

L'autre conséquence immédiate, on la trouve dans les colonnes du magazine Newsweek  dont les envoyés spéciaux James Laporta et Tom O'Connor nous racontent comment le retrait hier des troupes américaines de la ville de Manbij  a quasiment donné lieu à un passage de relais avec l'armée russe, alliée omniprésent de Bachar El-Assad qui a immédiatemment pris le contrôle de la ville pour en tenir éloignés les Turcs. Sur le dos des Kurdes, donc, Russes et Turcs sont en train d'avancer au plus vite pour conquérir les parts les plus larges possibles de territoire syrien, pour ensuite pouvoir négocier la partition de ce territoire, résume à son tour Richard Engel de MSNBC. 

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Voilà donc comment est en train de se solder l'avenir de la Syrie après 8 années de guerre... et ce basculement final, rappelle l'éditorial du Washington Post, a trouvé son origine dans le catastrophique coup de téléphone du 6 octobre. Depuis, avec tout ce que cette "erreur monumentale" a entrainé, "il n'est plus possible de prétendre que les gaffes de Donald Trump, causées par son incompétence, son ignorance et son impulsivité, n'ont que des conséquences théoriques  et donc réparables. Avec la Syrie, on voit tout l'inverse : les alliés d'hier livrés à leur pire ennemis, les civils sacrifiés, les valeurs trahies de l'Amérique, les terroristes lâchés dans la nature, les dictateurs renforcés, etc."  

Tout cela, pour le spécialiste de politique internationale Fred Kaplan sur Slate.com, c'est "la pire des trahisons commises par Donald Trump : jamais une seule décision présidentielle n'avait autant fait pour démolir l'ordre mondial hérité de la guerre de 39-45, et isoler l'Amérique du reste du monde". Et Kaplan d'ajouter, que tout cela a été fait "à dessein", que c'est "exactement le but que le 45e président des Etats-Unis poursuit depuis son arrivée à la Maison Blanche".

Retour sur les condamnations de 9 dirigeants indépendantistes de Catalogne. 

Les peines ont été prononcées hier matin : 13 ans de prison pour Oriol Junqueras l'ancien vice-président du conseil régional de Catalogne, à peine moins pour les 8 autres prévenus reconnus coupables de "sédition" pour avoir donc organisé en octobre 2017 un référendum d'auto-détermination et déclaré unilatéralement l'indépendance de leur région autonome espagnole. 

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Après les déchaînements de passion et de colère qui ont suivi, sous forme de manifestations, ce lundi à Barcelone, à tête (un peu) reposée, que retenir, de ces verdicts forcément très politiques ? Eh bien étonnament, en lisant les éditos de la presse catalane ce matin on trouve plutôt des commentaires modérés... 

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La voix de la raison, dans La Vanguardia par exemple qui appelle à "regarder au-delà de ces peines de prison, qui peuvent sembler lourdes mais qui sont au final plutôt modérées", surtout quand on sait que le Tribunal Suprême n'a pas fermé la porte à des aménagements de peine. Oui, il y a un avant et un après ce jugement, mais pour La Vanguardia donc, il faut y voir "le début d'une nouvelle ère où les responsables catalans seront guidés par une authentique volonté de dialogue et plus d'affrontement".  

De la "hauteur de vue", c'est également ce que demande El Periodico de Catalunya, au personnel politique de la région : repolitiser la question catalane, la dé-conflictualiser, mais aussi la dé-judiciariser du côté de Madrid, voila ce qu'il faudrait faire, tant il apparaît clairement que ce "procès qui a intoxiqué la vie politique espagnole depuis deux ans", selon l'expression utilisée par El Diario avait bien tout du procès politique.

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Il faudrait donc rentrer dans le rang, accepter la sentence et le dialogue prôné tant à Madrid qu'à Barcelone ? On peut souhaiter bonne chance aux éditorialistes pour en convaincre ces milliers de Catalans qui ont manifesté hier leur sentiment d'injustice et leur solidarité avec leurs leaders condamnés pour "sédition". Dans ces rassemblements, nous dit El Pais, on trouvait principalement des jeunes qui se sont mobilisés de manière spontanée, exaltée, révoltés qu'ils étaient par la lourdeurs des peines prononcées. "Nous allons faire notre Hong-Kong!" ont lancé certains, avant de prendre la direction de l'aéroport de Barcelone qui a été bloqué pendant des heures avec plus de 100 vols perturbés. 

Au final les policiers ont chargé, tout le monde est reparti aussi vite qu'ils étaient arrivés. El Pais termine ce reportage clairement dubitatif sur un possible retour de mobilisation indépendantiste en citant un touriste chinois, à l'aéroport, amusé par ce qu'il vient de voir mais qui explique que "tout de même, la situation à Hong-Kong est beaucoup plus compliquée". Et de conclure "d'ailleurs moi toute cette histoire commence vraiment à m'ennuyer !".L'envie de passer à autre chose, comme un écho au sentiment qui semble dominer la presse espagnole sur la question catalane.

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