Les abeilles plus rentables que les pesticides dans les cultures de colza

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Vidéo GEO : Stéphane Foucart : "Les pesticides néonicotinoïdes sont les grands responsables de l'effondrement des insectes"

Des scientifiques viennent de démontrer pour la première fois que les pollinisateurs étaient plus rentables que les insecticides et les herbicides dans les cultures de colza. Explications.

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Gloire aux insectes pollinisateurs et aux services - gratuits - qu'ils rendent chaque jour à l'espèce humaine. En matière de rendement et de rentabilité du colza, ils sont bien meilleurs que les pesticides, affirment pour la première fois des chercheurs du CNRS et de l'Inra (Institut national de la recherche agronomique) dans une étude parue le 9 octobre dans la revue Proceedings of the Royal Society London B*.

De 2013 à 2016, cinq scientifiques ont scruté jusqu'à 294 parcelles d’une plaine agricole des Deux-Sèvres (Nouvelle-Aquitaine) et amassé un grand nombre de données : variétés de colza, engrais et pesticides, résultats économiques… Résultat : non seulement les insecticides, herbicides et autres fongicides n'augmentent pas les rendements, mais leurs coûts plombent les comptes des agriculteurs.

A l'inverse, dans les parcelles où les pollinisateurs bourdonnent en masse, les auteurs ont mesuré une marge brute supérieure en moyenne de 15 à 40% (soit un gain de 119€/ha à 289€/ha) par rapport aux zones qui en sont pratiquement dépourvues.

BSIP/Universal Images Group via Getty Images.  Champ de colza en Seine-Maritime.

"L'agroécologie peut être un modèle alternatif gagnant-gagnant"

Un constat qui ne surprendra vraisemblablement pas le journaliste du Monde Stéphane Foucart, interrogé par GEO au sujet de son ouvrage Et le monde devint silencieux - Comment l'agrochimie a détruit les insectes (éditions du Seuil, août 2019). "S'agissant des pesticides néonicotinoïdes (désormais interdits en France, ndlr), les chercheurs ont établi qu'ils sont inutiles dans l'écrasante majorité des cas, explique-t-il. Les agriculteurs emploient ces substances comme des assurances. Or si on met en place un vrai fonds mutuel comme cela a été fait par endroits en Italie, c'est beaucoup plus rentable ! Donc en réalité, ces pesticides ne servent à rien d'autre qu'à contaminer l'environnement…"

Employés contre les insectes ravageurs, les produits phytopharmaceutiques tuent surtout les abeilles. Utilisés contre les mal nommées "mauvaises herbes", ils détruisent les ressources florales dont raffolent les pollinisateurs. Autant de dégâts collatéraux qui ne plaident pas en leur faveur.

"Cette nouvelle étude suggère que l'agroécologie, en promouvant les solutions fondées sur la nature, peut être un modèle agricole alternatif gagnant-gagnant, assurant production agricole, revenu aux agriculteurs et protection de l’environnement", conclut l'Inra.

*"Bee pollination outperforms pesticides for oilseed crop production and profitability", Rui Catarino, Vincent Bretagnolle, Thomas Perrot, Fabien Vialloux & Sabrina Gaba, Proceedings of the Royal London Society B, 9 octobre 2019.

Pour aller plus loin sur la question des pesticides néonicotinoïdes : "Et le monde devint silencieux - Comment l'agrochimie a détruit les insectes", Stéphane Foucart, éditions du Seuil, août 2019, 20€, 336 pages.
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Champ de colza en Seine-Maritime.