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Maltraitance infantile : Près de 6 % des femmes déclarent avoir été forcées à avoir des rapports sexuels avant l'âge de 15 ans

Ces résultats sont issus du baromètre de Santé Publique France relatif à l'état de santé mentale des personnes victimes de violences sexuelles dans l'enfance à paraître ce mardi 15 octobre. [Photo d'illustration / THIERRY ZOCCOLAN / AFP].

En France, près de 6 % des femmes et 1,4 % des hommes âgés entre 18 et 75 ans ont, en 2017, déclaré avoir subi des attouchements, ou été forcés à avoir des rapports sexuels contre leur volonté avant leurs 15 ans. Alors que la population hexagonale frôle les 67 millions d'habitants, cela représenterait 4 millions de femmes et 100.000 hommes environ.

Ces résultats sont issus du baromètre de Santé Publique France relatif à l'état de santé mentale des personnes victimes de violences sexuelles dans l'enfance à paraître ce mardi 15 octobre.

Ce baromètre, qui repose sur un large échantillon représentatif de la population française adulte, vient compléter quatre autres enquêtes consacrées à la maltraitance subie dans l'enfance et ses conséquences à moyen et long terme, lesquelles sont également rendues publiques ce mardi par l'agence nationale de santé publique. 

Publiées au lendemain de l'annonce par le gouvernement d'un plan de la protection de l'enfance, elles offrent un panorama à la fois complet et rarement effectué sur un sujet de santé publique majeur et encore largement tabou. 

Les victimes de violences sexuelles dans l’enfance davantage exposées aux troubles mentaux

En réalité, les professionnels de santé estiment que les femmes et hommes victimes de violences sexuelles dans l'enfance pourraient être beaucoup plus nombreux, les études étant déclaratives.

Ce dont ils sont certains, en revanche, c'est ce que ces violences causent de profonds dommages psychiques. 

Les victimes concernées ont ainsi entre 4 et 5 fois plus de risques de commettre une tentative de suicide par rapport aux personnes n'ayant pas connu de tels événements traumatiques. 

Difficultés comportementales, troubles affectifs, dépendance à la drogue ou à l'alcool...

D'autres recherches, menées cette fois spécifiquement auprès de mineurs, démontrent par ailleurs que les enfants qui sont négligés, abusés psychologiquement ou physiquement, ont plus tendance à se mettre en retrait, voire à mettre en place des stratégies d'évitement vis-à-vis de leur entourage.

Une façon, pour eux, de se protéger souvent accompagnée de symptômes dépressifs ou d’anxiété beaucoup plus graves. 

De même, les enfants victimes de maltraitance ont plus tendance à développer des troubles alimentaires ou à combler, à l'adolescence, leur mal-être dans la consommation abusive de drogue ou d'alcool.

Ils peuvent, en parallèle, avoir davantage de difficultés comportementales comme être plus enclins à la colère, l’agressivité ou l’impulsivité. Un terrain des plus propices pour entrer dans la délinquance.

L'un dans l'autre, tous ces facteurs inhérents à la maltraitance infantile font qu'une fois qu'elles sont parvenues à l'âge adulte, les victimes ont plus tendance à répéter ces violences dans leur couple, ou sur leurs propres enfants.

de terribles conséquences chez les «bébés secoués»

L'une des études relayées par Santé Publique France s'attache ainsi à analyser un phénomène bien connu en matière de maltraitance concernant les très jeunes enfants, qui est le «syndrome du bébé secoué».

Ce traumatisme, qui survient lorsqu'un adulte secoue violemment un nourrisson, peut engendrer des dommages permanents causant des retards et des déficits psychomoteurs.

De 0 à 36 mois, le cerveau des enfants est en effet en pleine formation et le moindre choc peut modifier sa structure de façon irréversible.

De l'aveu même des professionnels, ce type de traumatisme, qui relève bien de la maltraitance et constitue une infraction pénale, reste toutefois difficile à diagnostiquer.

Les signes cliniques ne sont en effet pas spécifiques et les circonstances de survenue rarement décrites, puisque les victimes sont de très jeunes enfants qui ne parlent pas et les auteurs avouent rarement leurs gestes auprès des médecins et les secouements infligés le sont le plus souvent en l’absence de témoins neutres.

S'appuyant sur des données hospitalières inédites établies sur la période 2015-2017, cette étude parvient toutefois à établir que ce sont au moins entre 512 et 703 enfants âgés de 1 à 11 mois qui, en France, ont été «secoués» par un tiers.

2585 enfants de moins d'un an hospitalisés pour maltraitance physique entre 2007 et 2014

Toujours concernant les enfants de moins d'un an, une autre enquête, faite, elle, sur la période 2007-2014, s'attache à estimer le nombre de victimes hospitalisées pour maltraitance physique. 

Il en ressort que, sur cette période, ce sont au moins entre 2585 et 4333 enfants âgés entre 1 mois et 1 an qui ont été hospitalisés à la suite d’une maltraitance physique en France.

Entre 2007 et 2014, les nourrissons hospitalisés pour maltraitance physique représentaient ainsi entre 0,04 % et 0,11 % de tous les enfants âgés de moins d’un an en France.

Ces données, établies à partir de critères bien précis, offrent là encore un éclairage tout à fait inédit en matière de maltraitance infantile.

Car les professionnels déplorent en effet que ce sujet, entouré encore de nombreux tabous, souffre d'une documentation épidémiologique encore très imprécise, voire inexistante.

En France, il n’existe en effet pas de données exhaustives et nationales qui permettent une surveillance étroite du problème et c'est justement l'un des axes du problème que le gouvernement actuel souhaite améliorer.

Une nouvelle stratégie de lutte 

Huit mois après sa nomination, le secrétaire d’Etat à l'enfance Adrien Taquet, qui signe d'ailleurs un éditorial en forme de préambule aux études rendues publiques ce mardi, veut ainsi mettre en oeuvre une toute nouvelle stratégie à même de combattre le fléau de la maltraitance infantile.

Ce lundi 14 octobre, il a ainsi présenté un plan construit autour de quatre engagements prioritaires, allant de la détection des signes de maltraitance à l’accompagnement vers les dispositifs de droit commun des jeunes sortant de l’ASE, l'aide sociale à l'enfance, en passant par la sécurisation du parcours de ces jeunes et de la prise en considération de leur parole.

Se disant «convaincu que la meilleure façon de protéger les enfants, c’est parfois d’accompagner les parents», Adrien Taquet plaide ainsi voir l’entretien prénatal, qui est aujourd’hui facultatif et touche moins de 30 % des femmes enceintes, rendu obligatoire.

De même, les visites médicales en école maternelle, inégalement effectuées selon les départements, devront concerner 100 % des enfants, a annoncé le secrétaire d’Etat.

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