Consommation | Alimentation Trop manger générerait plus de gaspillage que de jeter

Selon l’Organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture, près d’un tiers de la nourriture produite dans le monde est jeté avant d’avoir été consommé, soit un gaspillage de 1,6 milliard de tonnes par an. Mais il existe une autre forme de gaspillage alimentaire : la nourriture ingérée en excès.
Virginie Goblet - 15 oct. 2019 à 05:00 | mis à jour le 15 oct. 2019 à 15:37 - Temps de lecture :
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Manger plus que ce dont notre corps a besoin conduit à un gaspillage monumental.  DR
Manger plus que ce dont notre corps a besoin conduit à un gaspillage monumental.  DR

Le gaspillage alimentaire est un des fléaux de notre mode de vie actuel, en particulier dans les pays occidentaux. En France, près de 10 millions de tonnes de nourriture consommable sont jetées chaque année. En plus de poser un problème éthique, cela génère aussi un gaspillage d’argent puisque cela coûte entre 12 et 20 milliards d’euros par an en France selon l’Ademe (Agence de l’Environnement et de la Maîtrise de l’Energie). Mais ce n’est pas tout.

D’après une étude publiée dans la revue Frontiers in nutrition en août 2019, manger plus que ce dont notre corps a besoin pour être en bonne santé conduit aussi à un gaspillage monumental de nourriture : 140 milliards de tonnes. C’est près de 100 fois plus que ce que nous jetons à la poubelle. En cause, l’augmentation du nombre de personnes obèses ou en surpoids dans le monde, estimé à 1,9 milliard d’adultes et 41 millions d’enfants.

Bien que la prise de poids ne soit pas toujours liée à un excès de nourriture (elle peut être causée par le stress, la sédentarité, une prédisposition génétique…), les chercheurs indiquent que le contenu énergétique de notre régime alimentaire a augmenté en moyenne de 50 % depuis 1974.

La suralimentation néfaste pour l’environnement

En plus d’être mauvais pour la santé, cet excès de nourriture générerait 240 milliards de tonnes de CO2 par an, soit l’équivalent de l’ensemble des émissions issues des énergies fossiles dispensées durant ces 7 dernières années, d’après l’étude. Il faut ajouter à cela 343 millions de m³ d’eau perdus ainsi que 3 785 km² de surface accaparés inutilement.

Consommer ce dont nous avons réellement besoin

Mais pour les chercheurs, l’obésité n’est pas le seul problème. La suralimentation concerne également des personnes qui ingèrent beaucoup de nourriture mais qui, avec une importante dépense calorique par la pratique d’une activité physique intense, maintiennent un indice de masse corporelle ou IMC normal.

Continuer à manger beaucoup en comptant se dépenser pour éliminer est aussi un mauvais calcul. Cela génère une « pression environnementale » non négligeable pour la production de la nourriture excédentaire.

Les aliments ayant l’empreinte carbone la plus néfaste sont ceux qui sont les plus riches en calories comme la viande ou les produits laitiers, dont la production implique davantage de terres, d’eau et de gaz à effet de serre. Ils représentent également (avec les œufs), 75 % de cette empreinte écologique délétère.

Les chercheurs précisent que les calculs sont effectués au niveau global par pays, et non par individu. Cela peut biaiser les résultats ; néanmoins il est reconnu aujourd’hui que les populations en surpoids ont une alimentation plus riche en produits transformés, sucre et matières grasses.

Pour limiter ce gâchis, à la fois sanitaire et environnemental, chacun doit réfléchir de manière critique à sa façon de consommer. Plutôt que d’adapter notre activité physique à notre alimentation, nous devrions faire l’inverse et adapter notre alimentation à nos besoins physiques.

www.cca.asso.fr

Conseils d’alimentation

Quelques conseils pour éviter de manger plus que nécessaire :

- Manger uniquement lorsque l’on a faim (et donc apprendre à différencier la vraie faim de la gourmandise).

- Prendre le temps de manger : se concentrer sur son repas et bien mastiquer. La sensation de satiété n’arrive qu’au bout de 20 minutes.

- Adapter son apport calorique à son mode de vie.

- Ne pas augmenter son activité physique uniquement pour pouvoir manger davantage. C’est en partie ce qui va générer du gaspillage…

- Penser à boire beaucoup (plutôt en dehors des repas)

- Manger dans des contenants plus petits (nous aurons toujours tendance à vouloir remplir les assiettes).

- Ne pas faire de régime restrictif et, en cas de besoin de rééquilibrage alimentaire, consulter un médecin traitant ou un nutritionniste.

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