Comment ne pas gaspiller les fruits et légumes "moches"

En France, 10 millions de tonnes de nourriture sont jetées chaque année ©Radio France - Sandy Dauphin
En France, 10 millions de tonnes de nourriture sont jetées chaque année ©Radio France - Sandy Dauphin
En France, 10 millions de tonnes de nourriture sont jetées chaque année ©Radio France - Sandy Dauphin
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Chaque année en France, 10 millions de tonnes d'aliments finissent à la poubelle. Face à cette aberration, deux jeunes entrepreneurs ont lancé une chaîne de magasins anti-gaspillage. Ils vendent à prix réduits des produits recalés par les circuits classiques de la grande distribution.

Raphaël Letailleur est comme chez lui au marché d'intérêt national de Rungis, près de Paris. Après avoir travailleur comme vendeur au pavillon volailles pendant 20 ans, il est passé du côté clients pour devenir acheteur pour un nouveau réseau de magasins anti-gaspillage. 

Dans le labyrinthe de cageots empilés il cherche des produits bien particuliers qu'on appelle les déclassés. "Regardez ces pêches, il y a quelques fruits abîmés. Ce cageot risque de terminer à la poubelle car ils ne sont pas assez beaux pour être vendus sur les étalages des marchés parisiens. Nous, ils nous intéressent car on va les trier, les valoriser et les vendre dans nos magasins". Un débouché intéressant également pour les vendeurs de Rungis qui n'ont pas intérêt à jeter de la marchandise, d'autant qu'ils payent un service pour la destruction de leurs invendus.

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Le calibre d'une orange ne doit pas être inférieur à 53mm de diamètre. Si elle fait 50mm, elle ne sera pas vendue en grande distribution

Après Rennes, Saint-Malo, Cherbourg et Laval, un sixième magasin va ouvrir début novembre 2019 à Paris, dans le 19ème arrondissement de Paris avec le soutien de la mairie. Particularité de ces nouveaux "supermarchés", ils ne vendent que des produits qui auraient terminé à la benne parce qu'ils présentent un petit défaut, une date de péremption trop rapprochée ou une taille hors calibre comme l'explique le co-fondateur des magasin Nous anti Gaspi Charles Lottmann : "Le but c'est de donner une seconde chance à ces fruits et légumes dont une partie va être écartée des circuits traditionnels de distribution. ils sont vendus entre 20 et 30% moins cher". Au niveau du prix, ces magasins se positionnent "entre les épiceries sociales et solidaires et les prix de la grande distribution" et tentent au maximum de s'approvisionner auprès de producteurs locaux. 

Chaque année, sur les 8 millions de fruits et légumes produits en France, on estime que 2 millions sont gaspillés. Pour stopper cette aberration, les initiatives associatives fleurissent, la législation est plus stricte et un nouveau marché voit le jour pour répondre à la demande de consommer plus responsable. 

Les fondateurs de Nous anti-gaspi se sont engouffrés dans cette niche. Ils espèrent ouvrir 20 magasins d'ici deux ans et devenir rentables en 2020. Ils veulent aussi soumettre un livre blanc contre le gaspillage aux politiques. Ils demandent la suppression de 11 règles qui régissent la vente des fruits et légumes en Europe. "Ces règles sont superflues car elles ne définissent que des critères esthétiques - comme le calibrage des oranges, la brillance - et donc encouragent le gaspillage" affirme Charles Lottmann. Aujourd'hui, une nectarine, une pêche ou un kiwi de moins de 65 grammes ne peuvent être vendus au consommateur. Une pomme avec plus de 1,5 cm² de cicatrices légères ne pourra pas être présentée sur des étals.

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