La pauvreté analysée par ceux qui la vivent

Au siège d'ATD quart monde à Montreuil ©Radio France - Rémi Brancato
Au siège d'ATD quart monde à Montreuil ©Radio France - Rémi Brancato
Au siège d'ATD quart monde à Montreuil ©Radio France - Rémi Brancato
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A l'occasion de la journée mondiale du refus de la misère, ATD Quart Monde et le Secours catholique-Caritas remettent un rapport au gouvernement ce jeudi. Complètement inédit, il a été rédigé par des chercheurs, des professionnels du social et des personnes en situation de pauvreté, considérés comme experts.

À l'occasion de la journée mondiale du refus de la misère, ce jeudi, ATD Quart Monde et le Secours catholique-Caritas France, remettent un rapport à Elisabeth Borne, ministre de l’Environnement, et Christelle Dubos, secrétaire d’Etat aux solidarités. Ce rapport, inédit, a été co-écrit par des chercheurs, des travailleurs sociaux et des personnes en situation de pauvreté ou l’ayant vécu dans le passé.

Ainsi, parmi les 12 auteurs, quatre ont vécu ou vient encore des situations de pauvreté. "Mon expérience c'est celle de la pauvreté", témoigne Abdellah Bendjaballah, militant d'ATD Quart Monde, "co-chercheur" pour cette étude, qui a duré trois ans.

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La pauvreté en huit dimensions

Elle a ainsi identifié, avec l'association de 150 personnes, membres de "groupes de pairs", huit "dimensions" de la pauvreté : les privations matérielles et de droits, les peurs et souffrances, la dégradation de la santé, la maltraitance sociale, la maltraitance institutionnelle, l'isolement, les contraintes de temps et d'espace et les compétences non reconnues par la société.

"Tout cela s’influence et se renforce" détaille Chantal Consolini, co-autrice et volontaire permanente, salariée d'ATD Quart Monde. Le rapport s'attache ainsi à définir la pauvreté autrement que par le seul critère financier.

Une démarche de recherche inédite

"Quand il fallait que je demande des droits, je ne pouvais pas y aller car se retrouver dehors était une honte" décrit ainsi Evelyne Dubois, co-chercheuse, qui a passé plus de trois ans à la rue. "On met des mots sur ce qu'on a vécu : on n'est pas ignorants, on a une cervelle !" ajoute-t-elle.

Cette expertise est donc reconnue dans ce rapport à la démarche inédite. "Très peu de fois des personnes en situation de pauvreté sont intégrées dans des recherches de ce type-là, ce qu'on constate c'est que c'est généralement un travail d'expert d'analyser la pauvreté" dénonce Gérardo Gil, doctorant en économie à l'institut catholique de Paris et à l’université Rennes 1, co-auteur du rapport.

Définir de nouveaux indicateurs de pauvreté

Avec l'expertise des personnes en situation de pauvreté, l'étude a permis de définir la "dépendance" aux autres et aux institutions dont ils font l'objet et le "combat" permanent, que constitue cette situation. Elle préconise ainsi de mettre en place de nouveaux indicateurs pour sortir d'une approche purement financière du phénomène. 

"Ne s'attaquer qu'à un petit angle de la pauvreté peut la faire s'aggraver encore" constate Chantal Consolini, qui défend donc des politiques moins segmentées pour lutter contre le phénomène.

L'équipe

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