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Dix mots orduriers à employer sans paraître grossier

Everett/©Rue des Archives/BCA

«Cancrelat», «limande», «zigomar»... La langue française sait faire preuve d’inventivité lorsqu’il s’agit d’introduire quelques vulgarités dans les colonnes de ses dictionnaires.

La langue française sait faire preuve d’inventivité lorsqu’il s’agit d’introduire quelques grossièretés dans les colonnes de ses dictionnaires. Il ne s’agira pas ici de recenser celles que vous connaissez sans doute, chers lecteurs. Mais de vous faire (re)découvrir celles qui ne vous viendraient pas à l’esprit. Du moins, pas instinctivement. Florilège de ces vulgarités grâce au Grand Livre des gros mots (Tut-tut) de Jean-Michel Jakobowicz.

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Cancrelat

Voilà une insulte utile et que l’on peut aisément employer dans nombre de situations. En voiture coincé dans les bouchons, lors d’un affront, autour d’un dîner de famille... Le mot vient du néerlandais kakkerlak et désigne à l’origine une blatte ou un cafard. En effet, le «cancrelat» est un insecte qui nous vient d’Amérique et que «l’on retrouve sur les navires et dans les réserves de denrées alimentaires». Par extension, le mot a fini par caractériser quelqu’un de méchant, de sournois ou encore, de laid «avec des côtés mesquins et veules».

Limande

Voilà une insulte qui revêt de multiples significations. La première, «un poisson plat qu’il est délicieux de déguster avec un beurre blanc, du cidre ou du persil». La seconde, peu gracieuse, vise les femmes. Celles qui sont maigres «au point de passer derrière une affiche sans la décoller, sans forme, sans poitrine et sans fessier». Élégant, n’est-ce pas? Enfin, une «limande» peut désigner un homme pleutre, couard et qui «n’hésite pas à s’humilier».

Microcéphale

Il sonne bien ce mot, n’est-ce pas? Il est pétillant et a même une allure savante. Imaginez ceci: vous prenez un café avec un collègue. Décidément, il refuse de vous écouter, de recevoir votre point de vue, trop divergent à son goût. Mais c’est là, selon vous, faire preuve de peu d’ouverture d’esprit. «Tu n’es vraiment qu’un microcéphale!» Comprendre: «Tu es vraiment stupide». À l’origine, le terme désigne «celui ou celle qui présente une diminution anormale de la boîte crânienne». Celui qui a une petite tête, en somme.

Myrmidon

Il ne faut pas se moquer du physique. Or, traiter quelqu’un de «myrmidon» revient à souligner sa petite taille. Peut-être pourrait-on alors employer le mot pour décrier sa petitesse d’esprit? Les Myrmidons furent «un peuple mythique qui participa à la guerre de Troie sous les ordres d’Achille». L’étymologie du terme, que l’on trouve dans Le Trésor de la langue française, révèle qu’il vient du grec et signifie «fourmi». Comment l’expliquer? Deux hypothèses sont avancées: ce serait une référence à un passage dans les Métamorphoses d’Ovide: «Eaque, roi d’Egine, voyant son royaume dévasté par la peste, obtint de son père Zeus que les fourmis soient changées en hommes». Ou bien, ce peuple fut nommé ainsi car ses membres «creusaient la terre et vivaient dans des abris souterrains à la manière des fourmis».

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Onanisme

«Je remarquai dans la suite, que l’onanisme ressemblait à la boisson, car plus on boit, plus on a soif [...]» écrit Guillaume Apollinaire. Le mot est élégant, sophistiqué. Mais il cache une signification plus lubrique qu’il n’y paraît. En effet, le terme «désigne une activité solitaire: la masturbation». Il vient du nom d’Onan, personne de la Bible qui «préférait voir sa semence perdre en terre plutôt que d’épouser la femme de son défunt frère comme le voulait la tradition».

Ruffian

Le mot nous vient de l’italien ruffiano. Autrement dit: le «souteneur», le «maquereau». Il désigne le maître d’une maison close. Ainsi peut-on lire chez Baudelaire: «Vous avez empoigné les crins de la Déesse / Avec un tel poignet, qu’on vous eût pris, à voir / Et cet air de maîtrise et ce beau nonchaloir, / Pour un jeune ruffian terrassant sa maîtresse». L’usage a fini par déformer quelque peu la définition de cette injure qui, désormais, s’emploie pour parler d’un «homme débauché, grossier et sans éducation».

Sacripant

En réalité, ce mot n’est pas aussi vulgaire qu’on le voudrait. Il est un peu l’équivalent du «chenapan», du «coquin». Le terme vient du nom du héros chanté dans un poème chevaleresque intitulé Orlando Innamorato (en français, Roland amoureux). Y est célébré un homme courageux et fort. Par la suite, «sacripant» a peu à peu signifié «fanfaron, bravache». Avant de désigner le «mauvais garnement, mauvais sujet capable des pires coups, de violences».

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Sapajou

Impossible de ne pas convoquer le capitaine Haddock dans un article qui traite d’injures! L’extravagant et célèbre personnage a popularisé le terme «sapajou», un «genre de singes de l’Amérique centrale et du sud, au pelage court de couleur sombre, à longue queue préhensile et comprenant un grand nombre d’espèces dont les principales sont les singes-hurleurs», précise Le Trésor de la langue française. Au figuré, il désigne un «homme laid, ridicule; individu puéril ou borné» ou encore un «vieux libertin».«Sapajou» est un mot issu des langues tupi, parlées dans tout le Brésil, en Uruguay et au Paraguay, note le CNRTL en ligne.

Zigomar

L’on emploie le terme pour parler d’un extravagant, bizarre, fantaisiste. Un équivalent, en quelque sorte, du «zigoto». Quelqu’un qui «fait le zigomar» est quelqu’un qui «fait le malin, le zouave». Au sens péjoratif, le mot peut également désigner un «individu peu recommandable, manquant de sérieux». Il vient du nom du héros d’un roman de L. Sazie, paru en 1910, nous apprend Le Trésor de la langue française.

Corniaud

L’appellation pourrait venir de «cornard» c’est-à-dire «mari niais trompé». Il pourrait également être formé sur le terme «corne», le «coin». À noter, ainsi que le rappelle Le Trésor de la langue française, que le «corneau» est, au XVIIe siècle un «chien mâtiné». Le mot pourrait être dérivé de «corne» au sens de «coin». «Ces chiens mâtinés étant probablement des chiens nés au coin d’une rue». Quoi qu’il en soit, nommer quelqu’un de «corniaud» revient à le qualifier de «bête et stupide, niais comme un mari trompé».

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6 commentaires
  • malateste

    le

    La Princesse Palatine a traité Mme de Maintenon de "ripopée" c'est à dire de soupe faite avec de vieux restants

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