Les premières mesures socio-fiscales du quinquennat d’Emmanuel Macron ont légèrement aggravé la pauvreté. A l’occasion de la journée mondiale de lutte contre la misère, jeudi 17 octobre, l’Insee le démontre dans sa note « Estimation avancée du taux de pauvreté et des indicateurs d’inégalités », publiée mercredi 16 octobre. Dans l’attente de leur confirmation en septembre 2020, les indicateurs utilisés dans le document sont provisoires.
En 2018, 14,7 % des Français – c’est-à-dire 9,3 millions de personnes – vivaient sous le seuil de pauvreté, soit quasiment le même niveau qu’en 2011. Ils étaient 14,1 % en 2017. Sous l’effet de la crise, le taux de pauvreté monétaire avait bondi à 13,2 % en 2008, puis à 14,6 % en 2011, pour redescendre et se stabiliser ensuite autour de 14 %.
Ces ménages vivent avec des revenus inférieurs à 60 % du niveau de vie médian, c’est-à-dire avec moins de 1 050 euros par mois et par unité de consommation. Ce niveau de vie est calculé sur l’ensemble des revenus de la famille après impôts et prestations sociales et divisé par le nombre d’unités de consommation du foyer – une unité pour le premier adulte, 0,5 pour le deuxième adulte ou enfant de plus de 14 ans et 0,3 par enfant de moins de 14 ans. Ainsi, un couple avec deux enfants en bas âge est considéré comme pauvre si ses ressources sont inférieures à 1 050 euros multipliés par 2,1, soit 2 205 euros par mois.
Cette montée de la pauvreté en 2018 est due en grande partie à la baisse des allocations logement (APL) subie par les locataires du parc HLM (en moyenne 60 euros par ménage et par mois). En effet, l’indice de pauvreté ne prend en compte que les revenus, et pas les dépenses des ménages. Néanmoins, comme cette perte d’APL a été compensée à l’euro près par une baisse des loyers imposée aux organismes HLM, l’opération s’avère neutre pour le pouvoir d’achat des locataires.
« Pauvre politique pour les pauvres »
L’Insee a donc recalculé l’indice de pauvreté « neutralisé de cet effet APL » et parvient à un taux de 14,3 %, soit 0,2 point de plus qu’en 2017, atténuant donc sérieusement cette montée de la pauvreté. « Il faut rester prudent. Cette hausse est ténue, estime Louis Maurin, fondateur de l’Observatoire des inégalités. Ce qui est plus inquiétant, c’est le nombre d’allocataires du RSA qui ne faiblit pas, à 1,83 million en mars 2019, comme si l’amélioration de l’emploi et la baisse du chômage ne leur profitaient pas. »
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