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Brexit : un risque élevé de rejet par les députés britanniques samedi

Avec le rejet par le DUP de l'accord conclu jeudi avec Bruxelles, Boris Johnson aura du mal à arracher un feu vert samedi aux députés. La loi anti « no deal » le contraindrait alors à réclamer un report du Brexit. Un scénario qui pourrait lui donner une deuxième chance, après des élections anticipées.

La majorité à atteindre est de 320 voix pour faire passer à l'accord la rampe du Parlement (seuls 639 des 650 députés siègent en l'absence des élus du Sinn Féin).
La majorité à atteindre est de 320 voix pour faire passer à l'accord la rampe du Parlement (seuls 639 des 650 députés siègent en l'absence des élus du Sinn Féin). (Shutterstock)

Par Alexandre Counis

Publié le 17 oct. 2019 à 14:39Mis à jour le 17 oct. 2019 à 19:35

Boris Johnson peut se féliciter d'avoir conclu ce jeudi un « bon accord » de Brexit avec Bruxelles. Mais il risque fort d'être mort-né si le Parlement britannique ne lui apporte pas son feu vert ce samedi. Or, l'équation déjà compliquée pour obtenir une majorité à la Chambre des communes s'est encore corsée ce jeudi, avec la rebuffade du DUP.

Le parti unioniste nord-irlandais, qui continue de s'opposer à l'accord conclu avec l'UE, ne compte que 10 élus à Westminster. Mais leur soutien est d'autant plus crucial pour le gouvernement conservateur que celui-ci est désormais minoritaire à la Chambre des communes avec un écart de 43 voix.

Trois réservoirs de voix risquant d'être limités

La majorité à atteindre est de 320 voix pour faire passer à l'accord la rampe du Parlement (seuls 639 des 650 députés siègent en l'absence des élus du Sinn Féin). Boris Johnson peut raisonnablement compter sur une base de départ d'environ 258 élus « tories » : 279 élus conservateurs ont en effet soutenu en mars dernier l'accord conclu en novembre 2018 par Theresa May, mais il faut y soustraire les 21 qui ont depuis été exclus pour avoir voté la loi anti « no deal » .

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Le Premier ministre peut d'abord aller chercher les 62 suffrages qui lui manquent dans les rangs de ces députés rebelles, désormais indépendants. Selon les décomptes de « Skynews », une dizaine voire une douzaine seraient prêts à lui apporter leur voix. Il peut ensuite tenter de convaincre les 25 députés conservateurs jusqu'au boutistes qui ont toujours refusé de voter pour un accord. Steve Baker, le président de l'ERG (European Reasearch Group) qui réunit les hard Brexiters du parti conservateur, semblait ces derniers jours disposé à l'aider, même si certains francs-tireurs continueront de résister.

Un jeu qui s'annonce très serré

Boris Johnson peut enfin aller puiser dans les rangs de l'opposition travailliste, où une petite vingtaine de députés ont laissé entendre qu'ils pourraient soutenir un accord. Mais le chef du Labour Jeremy Corbyn fera tout pour les en dissuader. Indiquant sans surprise jeudi que le parti voterait en l'état contre l'accord, et recommandant un nouveau référendum, il continue de croire qu'un échec de Boris Johnson à la Chambre des communes pourrait lui ouvrir les portes du pouvoir. Le Scottish National Party et les Libéraux démocrates ont eux aussi rejeté l'accord.

Rien n'est perdu pour le Premier ministre, et la pression va être forte sur les élus refusant l'accord, qui devront rendre des comptes aux électeurs ensuite. Mais le jeu s'annonce extrêmement serré. Une question se pose donc : pourquoi Boris Johnson, malgré le risque d'échec à Westminster, a-t-il décidé d'enclencher la marche avant en concluant avec Bruxelles ? La réponse est simple : il n'est pas exclu que le Premier ministre britannique soit aussi prêt à jouer la partie en deux temps. Et qu'il ait un coup d'avance.

Stratégie en deux temps

Il serait ainsi prêt à perdre la première manche, prévue samedi, pour gagner le match retour, dans quelques semaines. Un rejet du nouvel accord par les députés britanniques samedi déclencherait automatiquement l'obligation pour lui de demander un report du Brexit à Bruxelles jusqu'au 31 janvier. La loi anti- « no deal » le lui impose en effet si aucun accord n'est conclu avec Bruxelles et endossé par Westminster avant le 19 octobre.

Cela l'obligerait certes à revenir sur sa promesse d'une sortie de l'UE avec ou sans accord au 31 octobre. Mais cela lui donnerait aussi le temps d'affronter les électeurs à l'occasion d'élections législatives anticipées, de tenter de reconstituer à cette occasion sa majorité parlementaire, puis de soumettre à nouveau aux députés l'accord conclu ce jeudi avec Bruxelles. Il aurait alors bien plus de chances de l'emporter. D'autant que conclure avec Bruxelles lui permet de se prévaloir auprès d'eux de « son accord », là où le seul « deal » jusqu'ici sur la table était celui, forcément présenté comme moins avantageux, conclu l'an dernier par Theresa May.

Bonus : les podcasts de la rédaction sur le Brexit

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Alexandre Counis (Correspondant à Londres)

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