Le philosophe français Henri Bergson (1859-1941) en 1905 ©Getty - Apic
Le philosophe français Henri Bergson (1859-1941) en 1905 ©Getty - Apic
Le philosophe français Henri Bergson (1859-1941) en 1905 ©Getty - Apic
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Comment le philosophe Henri Bergson peut-il nous aider à nous réconcilier avec le temps qui passe, et qui nous change… ?

Avec
  • Camille Riquier, professeur et doyen de la Faculté de philosophie de l'Institut catholique de Paris, membre du comité de la revue Esprit ainsi que de la revue Philosophie

Henri Bergson (1859-1941) est le philosophe du temps par excellence. Pour lui, le temps n’est pas une illusion mais l’étoffe de la réalité, sinon la réalité elle-même, et la réalité, une transition.
Henri Bergson nous aide à démêler ce qu’il y a de confus dans cette idée de transition, où le temps est élastique mais le changement brutal.

L'invité du jour :

Camille Riquier, philosophe, professeur et vice-recteur à la recherche de la Faculté de philosophie de l’Institut Catholique de Paris, corédacteur des Annales bergsoniennes, membre de la revue Esprit

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Bergson, philosophe du temps

C’est le changement et le devenir qui intéresse avant tout Bergson. Il est considéré comme le philosophe du temps, celui qui a considéré que le temps n’était pas comme on l’avait jusqu’ici envisagé une illusion, une apparence, mais l’étoffe de la réalité, sinon la réalité elle-même. C’était comme un changement de perspective où il était proposé à la philosophie de se confronter au monde que nous avions devant nous et non pas à un autre monde dont celui-ci n’aurait été qu’un écran de fumée, parce que justement, il n’était que transitoire, un devenir, en cela il n’était pas la réalité elle-même. Mais la réalité est la transition elle-même.
Camille Riquier

L'essentiel dans le voyage, c'est le voyage

L’idée de transition peut être confuse, elle s’applique aussi bien à l’espace qu’au temps… Si transiter est passer d’un lieu à un autre, c’est le voyage qui serait la transition ; mais c’est aussi bien dans le temps, changer, se transformer, passer d’un état à un autre, être le même et ne plus l’être. Et là tout change… ça veut dire que sitôt qu’on considère cette idée de transition dans l’espace, c’est les termes qui importent davantage que ce qui les relie. La transition au fond c’est quelque chose qui est coincé comme un entre-deux mais qui n’est pas prêt d’altérer les termes entre lesquels elle se trouve… Donc cette transition nous paraît inessentielle, c’est pour ça qu’on aimerait pouvoir se téléporter d’un lieu à un autre, parce qu’au fond ce n’est pas la transition elle-même qui compte, l’important serait la destination. Mais à considérer les choses ainsi, on quitte un lieu pour un autre et on resterait alors au même endroit ! Progressivement dans les voyages que nous faisons c’est toujours chez soi qu’on se retrouve parce que ce qu’on oublie c’est que l’essentiel dans le voyage, c’est le voyage… Le moment où on s’altère soi-même, on devient un autre.
Camille Riquier

Texte lu par Vincent Schmitt :

  • Extrait de L'évolution créatrice, d'Henri Bergson, 1907, chapitre I, éditions puf

Sons diffusés :

  • Chanson de début d'émission : Serge Gainsbourg, Valse de Melody
  • Extrait de À la recherche du temps perdu, tome VII, Le Temps retrouvé, de Marcel Proust, 1927, chapitre III, éditions Thélème, lu par André Dussollier
  • Montage avec des extraits du film La Mouche, de David Cronenberg, 1987
  • Montage sur la puberté avec une lecture d'Adèle Van Reeth d'un extrait de Durée et Simultanéité d'Henri Bergson, et extrait de la chanson Clouds up, de Air
  • Montage sur le cinéma avec un extrait de L'évolution créatrice, d'Henri Bergson, chapitre IV, et une archive de Gilles Deleuze
  • Chanson de fin : MGMT, The Youth

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