Luttes agricoles en Martinique : "Qui doit vivre? Banane ou Martinique ?"

Le chlordécone est un pesticide ultra-toxique utilisé dans les bananeraies entre 1972 et 1993.  ©AFP - Yadid Levy / Robert Harding Heritage
Le chlordécone est un pesticide ultra-toxique utilisé dans les bananeraies entre 1972 et 1993. ©AFP - Yadid Levy / Robert Harding Heritage
Le chlordécone est un pesticide ultra-toxique utilisé dans les bananeraies entre 1972 et 1993. ©AFP - Yadid Levy / Robert Harding Heritage
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La banane est le fruit le plus consommé et le plus exporté au monde, mais sa culture entraîne de sévères effets secondaires. Victimes du scandale sanitaire de la chlordécone, les ouvriers agricoles ont été les premiers à être exposés à ce pesticide hautement toxique et cancérigène.

La chlordécone a contaminé près de la moitié des terres martiniquaises. Lors de la manifestation du premier mai 2013, à Fort-de-France, les slogans étaient « Qui doit vivre? Banane ou Martinique ? 1500 cas de cancer par an. Pollueurs = payeurs » ou encore « Non à l’épandage aérien et à l’empoisonnement des Martiniquais ».

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58 min

"La chlordécone, pas plus toxique que de la farine"

Ce produit, Paul Alcindor l'a toujours manipulé à main nue. Les employeurs n'ont jamais cherché à sensibiliser leurs ouvriers agricoles.

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Les salariés à main nue épandaient la chlordécone autour du bananier. On leur disait que ce n’était pas plus toxique que de la farine. Il n’y avait pas d’étiquette sur le sac indiquant la dangerosité du produit. Ca a fait des ravages chez nos camarades. La plupart des hommes ont eu des cancers de la prostate. 

7 min

Le chlordécone est un perturbateur endocrinien reconnu comme neurotoxique, reprotoxique (pouvant altérer la fertilité) et classé cancérogène possible dès 1979 par l’Organisation mondiale de la santé (OMS). Pourtant, même dans les années 80, les ouvriers sur les exploitations ne se prémunissaient guère contre les effets extrêmement toxiques de cette molécule. Les employeurs ne les incitaient pas à se protéger.

Dans les années 60, 80, les ouvriers agricoles travaillent pieds nus, torse nu. Il aurait fallu que des études soient menées pour savoir quelles protections adopter. Boire de l’eau sur une exploitation agricole, c'est s’empoisonner. Les chercheurs n’ont rien trouvé pour dépolluer les terres.

En contrepoint, Paul Alcindor et Emilien Saban, deux vétérans des luttes agricoles, décrivent leurs combats pour l’amélioration des conditions de travail, l’application de la Sécurité sociale, les congés payés, la médecine du travail etc. A la maison des syndicats de Fort-de-France, ouvriers agricoles et responsables syndicaux évoquent ce qu’il en est aujourd’hui de la pénibilité du travail.

Avec :

Paul Alcindor

Emilien Saban 

Marie Hélène Marthe-dite-Surelly 

Luciana Laurencé 

Bernabé Gros-Désormaux 

Jean-Jacques Magy 

Laurent Centaure 

Laurent Prudent  propriétaire d’une exploitation bananière du Lamentin .

Merci à Edmond Mondésir  pour ses arrangements musicaux, et aux maîtres tambouyé de la maison du Bèlè de Sainte M arie.

Production : Sophie Haluk

Réalisation : Guillaume Baldy

Prise de son et mixage : Djaisan Taouss

"Les derniers maîtres de la Martinique" - Documentaire de Canal + sur la communauté békée, où est abordé la grève des ouvriers de la banane de 2005, et le problème du chlordécone :

 

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