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Renault : Thierry Bolloré pourrait partir avec près de 6 millions d'euros

L'ancien directeur général de Renault, débarqué la semaine dernière, pourrait toucher près de 6 millions d'euros. Mais seulement si toutes les conditions de performance dont dépendent certaines de ses rémunérations sont remplies, ce qui semble difficile. Le conseil d'administration qui va se tenir ce vendredi 18 octobre ne devrait pas arrêter de décision sur ce point.

Thierry Bolloré, ancien directeur général de Renault, pourrait partir avec presque 6 millions d'euros maximum. A supposer que toutes les conditions de performance dont dépendent certaines rémunérations soient remplies.
Thierry Bolloré, ancien directeur général de Renault, pourrait partir avec presque 6 millions d'euros maximum. A supposer que toutes les conditions de performance dont dépendent certaines rémunérations soient remplies. (Photo Eric Feferberg/AFP)

Par Laurence Boisseau

Publié le 18 oct. 2019 à 07:53

Directeur général de Renault depuis la chute de Carlos Ghosn, Thierry Bolloré a été démis de ses fonctions la semaine dernière . Un départ dont les conditions ont surpris. « Il n'a pas démissionné de son propre chef. Il a été officiellement débarqué, ce qui est rarissime en France dans les sociétés cotées. La plupart du temps, le dirigeant est invité à partir, les discussions se font en catimini et il démissionne avec un gros chèque », explique Loïc Dessaint, directeur général de Proxinvest.

Dans ces conditions, Thierry Bolloré partira-t-il avec des indemnités ? Le conseil d'administration de Renault du 12 octobre n'a pas eu le temps de se pencher sur la question. Celui qui se tiendra ce vendredi 18 octobre ne devrait pas non plus arrêter de décision sur ce sujet qui ne figure pas à l'ordre du jour. Mais certains éléments de sa rémunération peuvent être évalués au regard du document de référence 2018 publié par le groupe au printemps dernier. Thierry Bolloré pourrait partir avec près de 6 millions d'euros, selon nos calculs, si toutes les conditions de performance sont remplies. Ce qui n'est pas toujours le cas chez Renault.

Comment se décomposerait cette enveloppe ? Thierry Bolloré va toucher sa rémunération au prorata de sa présence chez Renault en tant que directeur général. Cela comprend un salaire fixe de 900.000 euros pour la totalité de l'année 2019, soit environ 650.000 euros sur les huit mois et demi de présence (soit depuis le 24 janvier, date de la prise de ses fonctions). Il a déjà perçu cet argent sous forme de mensualités. Sa rémunération se compose aussi d'un variable dont le montant sera fonction de l'atteinte ou non de certains critères de performance. Dans tous les cas, ce variable a été plafonné à 1,125 million sur l'année (soit 125 % du fixe), donc ne pourra pas dépasser 800.000 euros pour huit mois et demi. Et ce, si toutes les conditions de performance sur lesquelles ce variable est assis sont remplies.

Une indemnité de non-concurrence maximale de 4 millions d'euros

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C'est le conseil d'administration de Renault sur proposition du comité de rémunération qui décidera du variable qui peut être octroyé à Thierry Bolloré. Les actionnaires seront consultés aussi. Depuis 2018, conformément à la loi Sapin II, ces derniers votent en en effet en assemblée générale, de manière contraignante, d'une part la politique de rémunération pour l'exercice en cours et, d'autre part, tous les éléments de la rémunération de l'année précédente. S'ils votent contre, le fixe ne peut être remis en cause, mais les éléments variables peuvent ne pas être versés.

Il n'est pas prévu d'indemnité de départ pour Thierry Bolloré, mais une indemnité de non-concurrence. Elle a été mise en place pour que ce dernier ne puisse aller exercer une activité concurrente de celle de Renault. Cette indemnité pourrait atteindre deux ans de salaire (fixe et variable) soit un maximum de 4 millions d'euros. Elle ne dépend pas du nombre de mois effectués dans la société cette année.

Autre élément de rémunération, les actions de performance. Cette année, Renault a attribué au directeur général 50.000 actions maximum. Elles sont soumises elles aussi à des conditions de performance et de présence de trois ans dans la société. En cas de révocation pour faute lourde ou grave ou en cas de démission, ces actions sont perdues totalement. Dans les autres cas, elles sont maintenues au prorata de la période d'acquisition. Elles ont été attribuées le 3 avril dernier, donc en appliquant un cours de Renault de 50 euros, ce montant ne devrait pas pouvoir dépasser 451.000 euros. Dans le cas de Carlos Ghosn, ancien PDG, les administrateurs avaient décidé que les conditions de présence n'étant pas remplies, il ne devait percevoir aucune action de performance.

Pas de retraite chapeau

Reste la retraite chapeau. Thierry Bolloré ne devrait pas pouvoir la toucher car il ne sera pas présent dans la société au moment où il fera valoir ses droits.

La dernière fois, qu'un patron a été débarqué officiellement, c'était chez Atos. Philippe Germond a été révoqué brutalement par les actionnaires en novembre 2008. La société avait refusé de lui verser ses indemnités de départ. Philippe Germond avait alors saisi les tribunaux et fini par gagner devant la cour de cassation en mars 2014. Atos avait été condamnée à payer 3,9 millions d'euros.

Laurence Boisseau

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