
Histoire d’une notion. Lors des récentes marches pour le climat, d’étranges pancartes ont surgi dans les rues de France. « Pubis et forêts, arrêtons de tout raser » ; « Ma planète, ma chatte, sauvons les zones humides », proclamaient-elles.
Des slogans relevant à la fois de l’écologie et du féminisme – autrement dit : de l’écoféminisme, un mot-valise qui s’invite de plus en plus fréquemment dans le débat des idées politiques. Des intellectuel(le)s de premier ordre s’en réclament, des manifestations sont menées en son nom, des ouvrages entiers lui sont consacrés.
Pourtant, il y a quelques années encore, le terme, qui désigne le lien théorique existant entre l’oppression des femmes et la destruction de la nature, était quasi inconnu en France. Un paradoxe, puisque c’est dans ce pays qu’il fut forgé pour la première fois, il y a près d’un demi-siècle, sous la plume de l’écrivaine libertaire Françoise d’Eaubonne.
Née en 1920, dans une famille bourgeoise désargentée, membre du Parti communiste jusqu’en 1956, cette militante convaincue établit très vite une synthèse entre lutte de classe et lutte féministe. Plus âgée que la plupart des militantes du Mouvement de libération des femmes (MLF) des années 1970, cet électron libre s’engage activement pour le mouvement homosexuel, et se passionne très tôt pour la problématique environnementale. En 1974, elle publie Le Féminisme ou la mort. Le mot « écoféminisme » y apparaît pour la première fois.
Il vous reste 73.95% de cet article à lire. La suite est réservée aux abonnés.