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Le prénom des gens : Pauline partout, Justine nulle part

Baptiste Coulmont est professeur de sociologie à l’université Paris-VIII et auteur de la « Sociologie des prénoms » (La Découverte, 2014). Il explique pourquoi ces deux prénoms vont de pair même si l’un a fini par prendre l’ascendant sur l’autre.

Publié le 21 octobre 2019 à 00h13, modifié le 21 octobre 2019 à 06h23 Temps de Lecture 1 min.

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Dans les toilettes des facs, sur les murs des écoles d’art, en marge des manifestations, on peut lire ce graffiti : « Pauline partout, Justine nulle part ! »

Comme souvent avec les formes artistiques de la subversion, on commence par sourire, puis par réfléchir. Ces deux prénoms vont en effet de pair et il n’y a pas de surprise à les trouver ensemble. Ils font partie du wagon de queue de la mode en -ine, qui, de Martine en Céline, a fait les beaux jours des « trente glorieuses ». Ils sont revenus à la mode au même moment, à partir du début des années 1980. En 1991-1992, au pic de leur popularité en France, naquirent un peu plus de 6 000 Pauline et 5 400 Justine. Leur abandon est conjoint et, en 2018, seules 580 Pauline et 540 Justine voient le jour. Leur âge moyen aujourd’hui : 23 ans.

Choix de la classe moyenne

Et ces prénoms, socialement, se ressemblent. Il ne semble pas que l’on puisse distinguer une Justine de classe… supérieure d’une Pauline plus populaire : ces deux prénoms, globalement, ont les caractéristiques de prénoms embrassés par les classes moyennes.

Mais alors, pourquoi Pauline serait partout et Justine nulle part ? Pour que le détournement du slogan fonctionne, il faut qu’il colle à l’expérience, qu’on rencontre toujours de la Pauline quand on est confronté à la Justine, mais beaucoup moins souvent la Justine quand on est face à la Pauline. Ou que la sœur de Justine soit Pauline plus souvent que la sœur de Pauline soit Justine. En bref, pour que ça marche, il faut une « Pauline de proximité ».

Les statistiques le montrent ! Les effectifs de la Pauline sont bien plus élevés que les effectifs de la Justine. Depuis 1950, 132 000 bébés ont reçu le premier prénom, et 86 000 le second : il y en a 46 000 de moins. Justine n’est pas vraiment « nulle part », mais comparé au matraquage quotidien que représente le fait de rencontrer des Pauline, au travail, à l’université, chez des amis, ou à la tête de l’association des parents d’élèves, Justine est un peu plus rare. Il sera difficile de faire régner la Justine.

Professeur de sociologie à l'Université Paris VIII (http://coulmont.com)

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