Décharges sauvages : à Aix-en-Provence, une mer de détritus dans le paysage de Cézanne

Derrière la gare TGV, s’amoncellent quelque 200 000 tonnes de déchets, essentiellement issus de chantiers du BTP. Devant l’ampleur de la tâche, la ville d’Aix a dû lancer un marché public pour le nettoyage.

 En trois ans, la décharge sauvage s’est étendue sur une quinzaine d’hectares entre pinède et garrigue. Le nettoyage vient de commencer.
En trois ans, la décharge sauvage s’est étendue sur une quinzaine d’hectares entre pinède et garrigue. Le nettoyage vient de commencer. LP/Marc Leras

    Sur les images satellite d'archives de Google Earth, la décharge sauvage de l'Arbois s'étale quasiment à perte de vue. Sur une route excentrée derrière la gare TGV d'Aix-en-Provence (Bouches-du-Rhône), s'amoncellent aujourd'hui environ 200 000 tonnes de déchets divers, provenant essentiellement de chantiers du BTP, même si les particuliers n'ont pas été en reste pour y déverser un bric-à-brac de poubelles, pneus, résidus d'élagage ou vieil électroménager.

    D'abord discrète, cette décharge sauvage déborde aujourd'hui sur une quinzaine d'hectares jusqu'à la route départementale D9, entre Aix-en-Provence et Vitrolles, ce qui a alerté les riverains. Ces derniers ont créé en juin l'association « Déchargeons le plateau d'Aix-TGV ».

    Leur mobilisation et une pétition forte de 17 000 signatures ont poussé les autorités à agir et à bloquer les accès par des murs de terre, mais aussi à installer une vidéosurveillance. Il reste désormais à vérifier la dangerosité des déchets sur cette vaste zone qui fut un paysage provençal de carte postale, alternant pinède et garrigue, à deux pas du bassin du Réaltor, une réserve d'eau qui alimente Marseille.

    «Nous avons réussi à faire bouger les choses»

    La sous-préfecture a organisé cet été plusieurs réunions avec les propriétaires des parcelles, la mairie d'Aix-en-Provence et la métropole, le conseil départemental, le ministère de la Transition écologique, mais aussi un particulier. Le nettoyage a commencé début septembre avec des employés municipaux, mais l'ampleur de la tâche est telle la ville d'Aix a dû lancer un marché public, charge à elle ensuite de faire payer les propriétaires.

    « Compte tenu de la nature des dépôts et des quantités à traiter, le nettoyage des terrains nécessitera de la part du futur opérateur d'importantes opérations de tri, d'évacuation de déchets en filières spécialisées et de stockage des déchets ultimes », prévient la préfecture.

    « Les travaux devraient débuter en début d'année prochaine. Nous avons réussi à faire bouger les choses. Il faudra voir ensuite l'étendue des dégâts, notamment sur les nappes phréatiques », s'inquiète Estelle Blaudy, une Vitrollaise particulièrement impliquée et membre de l'association. « J'espère que les autorités ont compris qu'avec ce genre de décharge sauvage, il faut une réponse immédiate. Sinon, en une semaine, elle prend déjà des proportions démentielles ».

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