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Cinq mots disparus que nous ferions bien d’employer (à la place des anglicismes)

Rue des Archives/Rue des Archives/BCA

«Soporatif», «se panader»... Nombreux sont ces termes anciens à s’effacer, petit à petit, des colonnes de nos dictionnaires. Le Figaro vous propose de les découvrir grâce au lumineux ouvrage de Bernard Cerquiglini, Les mots disparus de Pierre Larousse.

Il ne s’agit pas de maudire les petits nouveaux qui se fraient un chemin dans les colonnes de nos dictionnaires. Après tout, la langue française évolue. Elle se régénère, s’enrichit parfois, s’appauvrit aussi. On ne peut pas dire que les anglicismes, qui se multiplient dans nos conversations quotidiennes, soient ni particulièrement jolis, ni complètement utiles. Bien sûr, «week-end», «parking», «corner» sont indispensables. Mais «drink», «flop», «too much» le sont-ils tout autant? À ce propos, Le Figaro vous propose de (re)découvrir cinq mots disparus à réhabiliter et à employer... sans modération! Et tout cela, grâce à l’éclairant ouvrage de Bernard Cerquiglini, Les mots disparus de Pierre Larousse.

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«Best of». On l’emploie à toutes les sauces. Pour parler des chansons d’un artiste, des phrases cultes des hommes d’État, des films du XXe siècle à voir absolument... Ce mot anglais, ainsi que le précise le Larousse, a pour définition: «sélection des meilleures expressions d’une œuvre ou d’un artiste». Et ses synonymes? Bien sûr, il y a l’anthologie, un florilège ou encore, une compilation. Mais si l’on parle de littérature, l’on peut également utiliser le terme d’«analecte». À savoir: «morceaux en prose ou en vers, choisis dans les ouvrages d’un ou de plusieurs auteurs», note Le Trésor de la langue française. Ce joli mot est emprunté au latin analecta qui vient lui-même du grec signifiant «choses recueillies», issu d’analego, «choisir, recueillir, ramasser». À partir du XVIIIe siècle, il est employé au sens de «recueil».

«Ce qu’il est snob ! Non mais son comportement... C’est too much !» Concernant «snob», il vient de l’anglais snobbish attesté depuis 1840 et qui s’emploie pour parler d’une personne «qui affecte et admire les manières, les opinions qui sont en vogue dans les milieux qui passent pour distingués et qui méprise tout ce qui n’est pas issu de ces milieux», lit-on dans les colonnes du Larousse. Quant à «too much», on pourrait le traduire par: «Il en fait trop». Il existe un joli verbe qui peut s’avérer utile dans les deux cas: «(se) panader». Il signifie «Marcher d’une allure majestueuse et fière avec l’ostentation d’un paon faisant la roue», ainsi que nous le lisons sur le site du CNRTL. Le verbe est dérivé du moyen français penade, «saut d’un cheval, ruade», attesté dès 1460. À la même époque, «pennader» s’emploie en tant que verbe intransitif au sens de «sauter, ruer». Il faut attendre le XVIe siècle pour qu’il prenne le sens de «marcher avec ostentation».

Qu’il est «soporatif»!

Après une journée de travail, quoi de plus rafraîchissant qu’un verre entre collègues? «Tu veux un p’tit drink pour te détendre?» Douche froide. Un drink signifie ici un «verre». Et souvent, un verre d’alcool. Alors, pour éviter l’anglicisme, pourquoi pas proposer un «brandevin»? Mot léger et agréable signifiant «eau-de-vie» et qui nous vient de l’Allemagne. Attesté depuis 1360 sous la forme du moyen allemand brantwin, «eau-de-vie», le terme est composé de brant, abréviation du participe passé gebrant, «brûlé» et de win, «vin». Littéralement, précise Le Trésor de la langue française, «vin brûlé, c’est-à-dire distillé».

«Tout ça pour ça! Ils ont bossé des heures et des heures! Et ça donne un flop!» Comprendre: «faire fiasco», «connaître un échec (cuisant)». Ces expressions, nous les connaissons. Mais il y en a une, quelque peu familière mais intéressante, qui exprime l’idée d’une «entreprise folle suivie d’un échec». Il s’agit d’une «cacade». Au sens premier, dans le langage populaire, le terme signifie «brusque évacuation d’excréments». Et, par métaphore, la «déchéance par effondrement soudain». «Cacade» vient du provençal cagado, «selle». La forme française «caguade» apparaît au XVIe siècle.

Imaginez ceci: vous voilà assis dans un obscur auditorium, écoutant un discours aussi long qu’inintéressant. Votre voisin, agacé, se rapproche et vous souffle dans l’oreille: «C’est so boring !» La locution s’emploie souvent pour désigner une personne, une lecture, quelque chose d’«ennuyeux». Ou bien, ce qui est «soporatif»: qui a la propriété de faire dormir. Au sens premier, on parle plutôt d’une boisson ou d’une substance soporifique. Au figuré, le terme s’emploie pour désigner ce «qui ennuie profondément au point de provoquer le sommeil». Le mot est dérivé du latin sopor, «profond sommeil», et de -fique «qui produit».

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28 commentaires
  • Aux larmes citoyens

    le

    Jolie leçon de défense du français... à mettre en pratique dans le Figaro Madame, qui est une caricature de ce snobisme ridicule, alignant les mots anglais "trendy" à raison de 2 ou 3 par phrases ! Balayez devant votre porte !

  • Z

    le

    C'est bien joli tout ca, a appliquer en premier lieu aux journalistes du Figaro. Je ne parle meme pas du Figaro Madame, ses adeptes du "running" ou du "healthy".

  • papazorg56

    le

    Des mots charmants et désuets...qui n empeche pas nombre d articles de ce journal d etre parsemés d anglicismes aussi pompeux qu inutiles car leurs équivalents français existent bel et bien..

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