«Quand je sors de chez moi, j’ai peur» : en Savoie, tout un immeuble terrorisé par un locataire

Selon les habitants d’une copropriété de Cognin (Savoie), un voisin souffrant de troubles psychiatriques leur fait vivre un enfer depuis deux ans.

 Cognin (Savoie). Dans son propre appartement, le locataire a notamment abattu à coups de masse un pan d’une cloison donnant sur l’habitation voisine.
Cognin (Savoie). Dans son propre appartement, le locataire a notamment abattu à coups de masse un pan d’une cloison donnant sur l’habitation voisine. DR

    Menaces de mort, hurlements, cloisons d'appartement défoncées à la masse, vitres du hall brisées, ascenseur détérioré… Les habitants d'un immeuble de Cognin (Savoie), petite ville de la banlieue de Chambéry, sont terrorisés par un locataire d'une trentaine d'années, souffrant de troubles psychiatriques.

    Selon leurs témoignages, ce voisin leur fait vivre un véritable enfer depuis deux ans. Sans que personne ne puisse mettre fin à ses agissements. En désespoir de cause, certains ont décidé de quitter l'immeuble. Et ceux qui restent en appellent aux autorités, redoutant qu'un drame ne survienne.

    «J'ai même été menacée de viol»

    Les habitants craquent. Une jeune femme enceinte témoigne, en sanglotant : « Il a frappé à toutes les portes en menaçant de tuer tout le monde. Il crie, nous insulte. J'ai même été menacée de viol. Et c'est comme ça jour et nuit. C'est invivable. Comment la loi peut-elle permettre une chose pareille ? Il nous a dit que l'on n'avait pas intérêt à appeler la police. »

    Selon la jeune femme, elle et d'autres habitants ont désormais peur de rentrer chez eux, de tomber sur « lui ». « Pour l'instant, ce ne sont que des menaces verbales. Mais qui nous dit qu'il ne va pas s'en prendre à nous physiquement ? Je reviens de l'hôtel de police où j'ai porté plainte », ajoute la future maman.

    « Dès que je sors de chez moi, j'ai peur. Ça ne peut plus durer comme ça », confie à son tour Marie, 92 ans. Jacqueline, 75 ans, ne cache pas sa colère : « Je ne peux plus recevoir mes petits-enfants à la maison. C'est devenu trop dangereux. » Jean-Louis Rimbaud, 83 ans, responsable du conseil syndical de la copropriété, remue ciel et terre depuis des mois pour tenter de résoudre le problème. En vain.

    Plusieurs interventions de la police

    « Cet homme, qui habite au 7e et dernier étage de l'immeuble, a saccagé son propre studio, cassé les fenêtres. Il a fait un grand trou à coups de masse dans la cloison, débouchant dans l'appartement voisin, qui heureusement était inoccupé », relate l'octogénaire précisant que les policiers sont venus à plusieurs reprises. « A chaque fois, ils disent qu'ils ne peuvent rien faire. La justice ne bouge pas non plus. Le propriétaire qui loue l'appartement à cet homme n'en a visiblement rien à faire. Le syndic également. On se sent abandonnés », lâche Jean-Louis.

    Un couple qui habitait au 7e étage a préféré partir. Au 4e, une propriétaire a également quitté l'immeuble. « On est terrifié. Notre vie est devenue un cauchemar », se lamente une autre locataire.

    Nous avons pu croiser dans la cage d'escalier l'homme qui effraie tant ses voisins. « Je n'ai rien à dire », nous a-t-il lancé, la tête recouverte par une capuche. Sous curatelle renforcée, cet homme, qui a fait plusieurs séjours à l'hôpital psychiatrique de Bassens (Savoie), est suivi par l'Association tutélaire des majeurs protégés (ATMP). Un organisme qui, lundi, était injoignable.

    Une réunion prévue cette semaine

    La maire de Cognin, Florence Vallin-Balas, a de son côté alerté le préfet. En vain. L'élue reconnaît, elle aussi, son impuissance : « Je n'ai pas de baguette magique. Il n'y a visiblement pas de solution de logement dans un appartement thérapeutique pour ce malade psychiatrique. La prise en charge des problèmes de santé mentale n'est pas facile dans nos villes. »

    L'édile peut prendre des mesures provisoires d'hospitalisation. « A chaque fois que je suis intervenue au sujet de cet administré, la crise, qu'un médecin doit constater, était passée », précise la maire de Cognin.

    Cette semaine, l'élue va organiser une réunion avec l'Agence régionale de santé, les médecins, la police, les habitants de l'immeuble. « Pour tenter de trouver une porte de sortie », espère Florence Vallin-Balas.