Le vaccin contre la grippe peut sauver des vies... à condition que l'OMS en charge de sa composition, tape dans le mil ou pas trop loin. En effet, chaque année et à partir des observations sur la circulation des virus, l'OMS tente d'anticiper lesquels seront actifs l'hiver suivant. Ainsi, à son top-départ, les labos pharmaceutiques se lancent dans une course contre la montre pour préparer en quelques mois le fameux millésime salutaire et salvateur.

 


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    Un pari qui peut sauver des vies, pour un assemblage presque aussi complexe qu'un grand vin : chaque année, la composition du vaccin contre la grippe est déterminée avec plusieurs mois d'avance par l'Organisation mondiale de la SantéOrganisation mondiale de la Santé (OMS) qui tente pour cela de prédire quels virus circuleront l'hiverhiver suivant. Ainsi, on connaît depuis mars la composition du vaccin pour cet hiver qui commence tout juste à être administré. D'un hiver sur l'autre, cette composition doit être modifiée, car les virus de la grippe évoluent constamment. Or, plusieurs mois sont nécessaires aux laboratoires pharmaceutiques pour fabriquer le vaccin contre la grippe, dont le mode de production est spécifique : les virus qui le composeront doivent auparavant être cultivés dans des œufs de poule.

    C'est pourquoi sa composition doit être fixée longtemps à l'avance, au terme d'un processus complexe mené par l'OMS et conclu deux fois par an, en février pour l'hémisphère nordhémisphère nord et en septembre pour l'hémisphère sudhémisphère sud.

    Les virus de la grippe évoluent constamment

    Pour tenter de prédire quels virus circuleront l'hiver suivant, l'OMS analyse les données de ses centres nationaux de la grippe. Répartis dans une centaine de pays, ces centres surveillent la circulation des virus durant la saisonsaison en cours. Les virus grippaux responsables des épidémies saisonnières sont de deux types : A (divisés en sous-groupes, principalement H1N1 et H3N2) et B. Les recommandations de l'OMS portent sur des vaccins quadrivalents, protégeant contre quatre types de virus, deux A et deux B.

    Depuis mars seulement, la composition du vaccin pour cet hiver est connue. Il commence tout juste à être administré. © JPC-PROD, Adobe Stock
    Depuis mars seulement, la composition du vaccin pour cet hiver est connue. Il commence tout juste à être administré. © JPC-PROD, Adobe Stock

    Une efficacité pas toujours au rendez-vous

    Plus les virus choisis pour composer les vaccins correspondent à ceux qui circuleront l'hiver d'après, plus la vaccination sera efficace. Le problème est qu'il est impossible de prévoir avec certitude quels virus circuleront huit mois plus tard, et donc de garantir une efficacité du vaccin à 100 %. Par exemple, l'hiver dernier, l'efficacité du vaccin en France a été de 47 % tous virus confondus. Dans le détail, elle était de 69 % contre le virus A(H1N1), mais de seulement 33 % contre le A(H3N2).

    L'hiver dernier, l'efficacité du vaccin en France a été de 47 %

    Le vaccin qui a commencé à être administré en France et dans tout l'hémisphère Nord pour cet hiver est composé d'un virus A(H1N1) prélevé en 2018 à Brisbane (Australie), d'un A(H3N2) prélevé en 2017 dans le Kansas (États-Unis), d'un de type B prélevé en 2017 au Colorado (États-Unis) et d'un de type B prélevé en 2013 à Phuket (Thaïlande). Les deux derniers figuraient déjà dans le vaccin de l'an passé, contrairement aux deux premiers. Preuve de la complexité du processus, l'OMS a eu cette année un mois de retard dans ses recommandations.

    Elle avait choisi 3 virus sur 4 à la date butoir du 21 février, mais n'avait pu se prononcer à temps sur le A(H3N2), car la proportion des différents virus de ce type en circulation avait évolué juste avant ce choix. Elle s'était donc donné un mois de plus pour y parvenir et avait finalement annoncé la composition définitive du vaccin le 21 mars.