RECITActeur à Hollywood, il part combattre Daesh et se retrouve en exil

L'histoire invraisemblable d'un acteur à Hollywood parti combattre Daesh et aujourd'hui en exil

RECITParti en croisade contre les djihadistes, cet acteur britannique se retrouve aujourd’hui coincé au Belize, aux portes des Etats-Unis
Michael Enright sur le front en 2015 avec les combattants du YPG
Michael Enright sur le front en 2015 avec les combattants du YPG - Voice Of America/CC
Maureen Songne

M.S.

«Je ne regrette rien, si c’était à refaire je referais tout », assure Michael Enright, 56 ans. Dans un récit édifiant digne d’un film, le Washington Post revient sur le parcours exceptionnel de cet acteur britannique, qui a quitté les paillettes de Hollywood pour combattre le groupe Etat Islamique aux côtés des Kurdes. Soupçonné d’avoir participé aux combats du mauvais côté, Michael Enright se trouve aujourd’hui dans l’impossibilité de retourner aux Etats-Unis et en Grande-Bretagne et vit en exil, sans le sou. 20 Minutes revient sur son histoire hors normes.

Aux Etats-Unis, Michael Enright vivait (déjà) dans l’illégalité. Fraîchement débarqué d’Angleterre à 19 ans muni d’un visa touristique qu’il n’essaiera jamais de transformer par la suite en titre de séjour, il se fraye un chemin à Hollywood et enchaîne les rôles secondaires dans des films ou des séries, côtoyant même des célébrités (Pirates des Caraïbes, Agents du SHIELD…). Avant de tout plaquer pour combattre des djihadistes.

« Êtes-vous prêt à mourir pour ce combat ? »

Le déclic survient en août 2014, lorsque les troupes de l’Etat Islamique commettent des exactions dans un village de Yézidis à Sinjar, où nombre d’hommes sont tués et des femmes tenues captives et violées. Ce même mois, la mort de James Foley, un journaliste américain décapité dans une vidéo médiatisée, convainc Michael Enright d’aller combattre. « J’étais obsédé par Daesh », explique alors l’acteur.

Il contacte alors le YPG (Unité de Protection du Peuple), une milice kurde qui combat les djihadistes en Syrie. « Êtes-vous prêt à mourir pour ce combat ? », lui demande-t-on. Pour Michael Enright, aucune hésitation alors qu’il n’a pourtant aucune formation militaire.

Il s’envole pour l’Irak, atteint la frontière avec la Syrie en voiture, participe à 6 semaines de formation express sur l’utilisation d’un AK47 et le voilà sur le terrain. « J’allais enfin me retrouver face à face avec un terroriste », évoque l’acteur, qui sur place avait comme rôle principal de documenter les actions du YPG.

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Retour au pays ?

On aurait pu penser que l’histoire épique de Michael Enright allait s’arrêter avec son retour de Syrie. Mais non. Après avoir combattu 6 mois, il tente de retourner aux Etats-Unis mais sans visa, il essaie de traverser la frontière entre le Mexique et la Californie… et se fait arrêter en novembre 2015 par la police de l’immigration. Il est alors envoyé dans un centre de détention, comme des milliers d’autres migrants.

Michael Enright confie que des membres de l’administration viennent alors le questionner en détention, afin de lui proposer un marché pour le compte du Département de la Sécurité Intérieure : retourner en Syrie et recueillir des renseignements sur les terroristes de Daesh pour pouvoir rentrer aux Etats-Unis.

Un espion en Syrie

De retour en Syrie après avoir d’abord été expulsé vers la Grande-Bretagne, il fait tout ce qu’on lui demande, persuadé d’avoir un accord avec le gouvernement américain. Il rassemble des vidéos, des photos et des lettres de combattants de Daesh qu’il transmet à un membre du renseignement.

Il restera sur place jusqu’à la chute de Raqqa en octobre 2017, « capitale » de l’Etat Islamique, pour ensuite s’installer au Belize en attendant de négocier son retour aux Etats-Unis. Après plusieurs tentatives auprès de l’ambassade américaine qui se soldent par des échecs, il se retrouve coincé dans ce pays dans lequel il lui est impossible de gagner sa vie. Il peut tout de même compter sur des amis et des connaissances politiques très influentes à Washington pour faire avancer sa cause.

Impossible selon lui de retourner sur sa terre natale, à Manchester, où de nombreux Britanniques ayant rejoint bénévolement les milices Kurdes ont été accusés d’avoir pactisé avec les terroristes. Coincé au Belize pour toujours ? En attendant d’avoir l’épisode final de ce parcours atypique, vous pourrez retrouver Michael Enright dans un documentaire réalisé par Adam Wood, selon le Washington Post.

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