Nous savions déjà que les rats étaient capables de jouer à cache-cache, d’utiliser des outils ou encore de se repérer dans un labyrinthe. Mais nous n’aurions pas été jusqu’à imaginer qu’ils étaient en mesure de conduire de petits véhicules. Oui, conduire. Le magazine américain New Scientist rapporte les résultats de cette drôle d’expérience réalisée par une équipe de neurobiologistes de l’Université de Richmond, en Virginie, et publiée dans la revue Behavioral Brain Research le 16 octobre 2019. Cette dernière prouve que le cerveau de ces rongeurs est encore plus flexible qu’on ne le pensait.
Un véritable système directionnel maîtrisé par les rats
L’équipe de chercheurs, menée par le Dr. Kelly Lambert, a mis au point une petite voiture faite d’une boîte en plastique transparent sur roues alimentée grâce à un circuit électrique. Pour la "conduire", le rat devait s’y glisser et actionner individuellement avec ses pattes trois petites barres de cuivre correspondant à différentes directions (gauche, droite et tout droit).
Six rats femelles et onze rats mâles ont ainsi été entraînés à manœuvrer la voiture dans un espace rectangulaire d’environ 4 mètres carrés. Pour les stimuler, les chercheurs les récompensaient avec des morceaux de céréales Froot Loop à chaque fois qu’ils touchaient les barres de direction et faisaient avancer la voiture. Au fur et à mesure, les récompenses étaient distribuées à l’issue de trajets de plus en plus longs. "Ils ont appris à naviguer (…) de manière unique et à adopter des schémas de direction qu'ils n'avaient jamais utilisés pour atteindre la récompense", a expliqué le Dr. Lambert à New Scientist.
Un exercice "relaxant" pour l'animal
En plus d’avoir repoussé les limites de l’apprentissage chez le rat, les scientifiques ont fait un intéressant constat : l’apprentissage de la conduite, aussi complexe soit-il, semblait détendre les rats. Une conclusion tirée de la mesure du niveau de deux hormones sécrétées par leur organisme, la corticostérone, un marqueur du stress, et la déhydroépiandrostérone, un androgène connu sous le nom d’"hormone de jouvence" et soupçonné au contraire de réduire les effets du stress.
Dans les matières fécales des petits mammifères, les taux de déhydroépiandrostérone se sont ainsi avérés plus élevés au fur et à mesure de leur apprentissage de la conduite. New Scientist rappelle que le Dr. Lambert avait déjà démontré dans ses travaux précédents sur le rat le rapport entre diminution du stress et maîtrise de tâches difficiles, comme celle qui consiste à déterrer de la nourriture. "Chez l’Homme, nous appelons cela l’auto-efficacité", précise l’experte spécialisée dans la neurologie comportementale. Les rats seraient donc enclins à éprouver le même sentiment d’autosatisfaction que nous après avoir perfectionné l’une de leurs compétences.
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"Je crois que les rats sont plus intelligents que la plupart des gens ne le pensent, et que la plupart des animaux sont plus intelligents que nous le pensons", a conclu le Dr. Kelly Lambert. Reste maintenant à voir comment ils s’en sortiraient s’ils devaient s’extirper d’un labyrinthe en voiturette…