LES PLUS LUS
Publicité
Publicité

La Nuit tombe, qui la ramassera ?

Une étoile filante.
Une étoile filante. © Sergei GAPON / AFP
Alfred de Montesquiou , Mis à jour le

Chroniques Vertes : chaque semaine, la crise écologique vue par les créateurs. Cinéma, romans, documentaires, essais, expos… comment la culture fait face aux défis de la planète. Aujourd’hui, ou plutôt ce soir, un essai contre la pollution lumineuse : « Sauver la nuit ».  

Savez-vous quelle distance doit parcourir un parisien pour voir les étoiles sans que la saturation des réverbères et autres sources de lumières artificielles ne viennent polluer la nuit ? La réponse est assez sidérante : 900 kilomètres, jusqu’aux étendues vides de l’Ecosse ou de la province espagnole de Cuenca, ou encore jusqu’aux montagnes corses. Plus près de la capitale, dans toutes les directions, le peuplement humain émet tant de lumière nocturne qu’il rend nos rétines incapables de percevoir les discrets scintillements de ces milliards de lointains soleils que sont les étoiles.

Publicité

Chaque soir, en France, ce sont onze millions de lampadaires qui s’allument. Et dans le monde, cette pollution prend déjà tellement de place qu’un tiers de l’Humanité ne peut plus voir la Voie Lactée… Difficile de mesurer la perte qu’encourent tous ces êtres, si ce n’est par l’intuition. Celle qu’exprime notamment l’une des phrases les plus célèbres du philosophe Emmanuel Kant : « Deux choses remplissent le cœur d'une admiration et d'une vénération toujours nouvelles et toujours croissantes… le ciel étoilé au-dessus de moi et la loi morale en moi. »

La suite après cette publicité

Les animaux nocturnes en danger

Samuel Challéat n’est pas philosophe mais, plus concrètement astronome, docteur en géographie et chercheur pour un laboratoire rattaché au CNRS. Peut-être un peu poète aussi, à en juger par le joli titre de son ouvrage, « Sauver la nuit » ; à moins que ce ne soit toutes ces heures passées la tête dans les étoiles qui finissent par induire un irrépressible penchant pour la poésie... Plus concrètement, le chercheur lance un cri d’alerte sur cette pollution moins immédiatement menaçante que celle des rejets dans l’atmosphère, mais non moins conséquente. Une pollution qui nous ôte peu à peu l’infini - rien moins - en limitant progressivement notre vision de l’univers à notre seul système solaire.

La suite après cette publicité

Une altération de la nature par la lumière artificielle qui affecte surtout de nombreux systèmes vivants, à commencer par les animaux nocturnes - soit un tiers des vertébrés et deux tiers des insectes. Mis en péril dans leur rythmes de vie, ils fragilisent l’ensemble des écosystèmes. Selon l’auteur, cette pollution d’un autre ordre augmente en outre de 6 % chaque année sur la surface du globe… Des chiffres à en perdre le sommeil, sans doute.

« Sauver la nuit », de Samuel Challéat, 257 pages, 21 euros, aux éditions Premier Parallèle.

Capture d’écran 2019-10-25 à 18.33.25
©

Contenus sponsorisés

Publicité