Peu d’entre nous connaissent vraiment l’histoire de la musique. D’ailleurs, l’évêque Isidore de Séville, en l’an 625, avait même déclaré dans un grand pessimisme que la musique était impossible à écrire. Il s’avère que les amoureux de la musique avaient commencé à transcrire des notes musicales bien avant le Moyen Âge. Mais c’est dans les années 1000, grâce à Guido d’Arezzo, que l’écriture des notes « modernes » verra le jour.

Retraçons un peu l’histoire de la musique

On peut diviser l’histoire de l’écriture musicale en trois grandes périodes : la haute Antiquité, l’Antiquité et le haut Moyen Âge. Durant la haute Antiquité, c’est-à-dire au IXe siècle avant J.-C., apparurent des traces d’indications mélodiques sur des tablettes sumériennes en Orient. Elles se déclinaient en 5 signes cunéiformes placés à gauche d’un poème religieux censés indiquer la manière de chanter. Par la suite, durant l’Antiquité, au Ve siècle avant J.-C., on découvrit en Grèce, en Occident, les premières traces de notation musicale, avec une notation alphabétique et précisément 16 lettres pour 2 octaves et 1 ton. C’est finalement lors du haut Moyen Âge qu’il y eut de grands bouleversements.

En 590 apparurent les premiers textes officiels fondateurs. Le pontificat de Grégoire codifie effectivement le chant liturgique pour la totalité de l’Église. Ensuite, en 751, on vit apparaitre une véritable réforme de la liturgie avec l’instauration du pouvoir carolingien qui permettra la naissance du chant grégorien. Au 8e et 9e siècle, sous l’influence et l’évolution du chant grégorien, l’écriture musicale se développa et on vit apparaître des accents, virgules et points, appelés neumes, en marge des manuscrits. Ceux-ci indiquaient entre autres la mélodie, le ton et la durée.

Là où apparut Guido d’Arezzo

C’est au XIe siècle que le moine bénédictin Guido d’Arezzo décida de créer les notes de musique que nous connaissons aujourd’hui encore. Il résidait dans sa communauté religieuse de Pomposa, en Italie, et forma de jeunes chanteurs tout en poursuivant ses études de musique liturgique. Il inventa la solmisation, qui se traduit comme l’étude du chant en se basant sur la méthode des hexacordes et des muances.

Plus clairement, la solmisation est ainsi l’ancêtre du solfège et elle vise à accélérer l’apprentissage du chant aux élèves. Avant que Guido d’Arezzo ne crée la solmisation, les jeunes moines devaient simplement mémoriser l’ensemble du répertoire de leur ordre ou de leur abbaye, un travail qui leur prenait en moyenne dix ans !

Comment Guido d’Arezzo a-t-il marqué l’histoire de l’écriture musicale ?

Avec la solmisation, Guido d’Arezzo avait ajouté de nouvelles notes de musique à celles existantes et il avait aussi rendu le principe de la ligne pour la transcription de la notation musicale systématique. De plus, les notes de musique ne figuraient plus en marge du texte mais directement sur les lignes, si bien que le chanteur pouvait désormais s’aider de ces notes. Après ces étapes, il ne restait plus à Guido qu’à nommer ses notes.

— carlos castilla / Shutterstock.com

Comment Guido nomma ses notes ?

En 1028, notre théoricien de la musique s’inspira juste de l’hymne à saint Jean-Baptiste, un poème écrit par Paul Diacre et un hymne des vêpres pour nommer ses notes. Il détacha juste la première syllabe au début de chaque verset. Pour rappel, voici ledit poème :

Utqueant laxis (Pour que puissent)

Resonare fibris (résonner des cordes)

Mira gestorum (détendues de nos lèvres)

Famuli tuorus (les merveilles de tes actions)

Solve polluti (enlève le péché)

Labii reatum (de ton impur serviteur)

Sancte Ionaes (ô Saint Jean)

On obtient ainsi « Ut » avec Utqueant, « Re » avec Resonare, « Mi » avec Mira, « Fa » avec Famuli, « Sol » avec Solve, « La » avec Labii, et « Si » avec Sancte Ionaes. Sauf qu’il faut souligner deux choses. Les notes créées par Guido n’étaient que : ut, ré, mi, fa, sol, la. Le « Si » a été ajouté par le moine français Anselme de Flandres à la fin du XVIe siècle.

Quant à ceux qui se demandent où est le « Do » et quel est cet « Ut » dont vous n’avez probablement jamais entendu parler, sachez que c’est le compositeur Giovanni Maria Bononcini, dans Musico pratico, en 1673, qui transforme le « Ut » en « Do » au XVIIe siècle, probablement pour une plus grande facilité de prononciation dans le chant.

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Michel de Guibert
Michel de Guibert
4 années

On parle toujours de clé d’ut !