Prête à tout, disposée à rien. C'est ainsi que l'on peut résumer la décision du jeudi 3 avril de la Banque centrale européenne (BCE). L'institution s'est, en effet, déclarée prête à dégainer des armes non conventionnelles – achats de dette publique ou, surtout, de créances d'entreprises titrisées – en cas de danger. Mais, alors que l'inflation est tombée à 0,5 % en mars, un niveau bien trop bas, elle a décidé de ne rien faire. Pas même de baisser un peu ses taux. Au point que certains analystes s'interrogent : mais que lui faut-il de plus ?
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On peut blâmer la BCE et ses gouverneurs pour leur attentisme. On peut aussi se dire que leur diagnostic est peut-être plus fin que ce que jugent parfois trop vite analystes et marchés.
RISQUE DE CRÉATION DE BULLES SPÉCULATIVES
Vendredi 4 avril, Richard Fisher, le président de la Réserve fédérale de Dallas, au Texas, s'est alarmé du niveau étonnamment haut des indices boursiers américains, qui ont presque triplé depuis leur plafond bas de 2009, et de celui de la capitalisation de la Bourse américaine, qui atteint 145 % du PIB. Soit deux fois plus que le dernier record de mars 2000, juste avant l'éclatement de la bulle Internet… « Nous devons prendre garde à ne pas ressusciter le fantôme de l'exubérance irrationnelle », a-t-il prévenu. Comprenez : les liquidités que la Fed injecte à tour de bras dans le système financier depuis la crise – même si le rythme a un peu ralenti – risquent de créer des bulles spéculatives.
D'un côté de l'Atlantique, la zone euro s'enfonce dans l'inflation basse. De l'autre, les Américains s'inquiètent du coup de chaud sur leurs valeurs boursières. Voilà les deux facettes d'un même processus en cours dans l'ensemble des pays développés : le désendettement massif des agents économiques, publics comme privés.
Les Anglo-Saxons parlent de deleveraging. Ce processus est normal, et même souhaitable : après des années d'excès, les entreprises et ménages espagnols, américains ou encore britanniques se désendettent. Après avoir creusé leur dette pour soutenir le secteur financier puis l'économie, les Etats tentent de remettre en ordre leurs finances publiques.
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