Royal, l'état de grâce
Selon un sondage Ifop-JDD, six Français sur dix approuvent son retour dans un gouvernement. Confidences de la nouvelle ministre de l'Écologie.
Elle l'avait déjà fait pour François Mitterrand et elle recommence avec bonheur pour François Hollande. Ségolène Royal est définitivement l'atout vert d'un Président qui vient de se prendre une claque électorale et qui sait qu'il va de nouveau perdre dans un an. En 1992, elle devient ministre de l'Environnement entre des régionales où les écologistes font de bons scores et la débâcle législative. "Je suis très contente, l'écologie est un secteur passionnant et important car il faut compenser le départ des écologistes du gouvernement, confie Ségolène Royal au JDD. C'est un sujet que je connais très bien , je dispose d'un réseau d'interlocuteurs qui me respectent car j'ai fait des choses, notamment dans ma région. S'occuper de l'écologie en période de crise, c'est lourd mais exaltant. Il faut montrer qu'on peut sortir de la crise en produisant autrement. Il faut être positif. L'environnement est une des clés pour préparer l'avenir."
C'est le retour de la positive attitude. Royal, qui s'était vivement opposée à la taxe carbone , s'est toujours élevée contre "l'écologie punitive". Elle n'est pas du genre à se dédire. La nouvelle ministre de l'Écologie a appelé à une "remise à plat" de l'écotaxe, ce qui a provoqué l'ire des partisans de cette taxe en particulier et de la fiscalité écolo en général. Elle prendra son temps, mais, pour elle, les polémiques ne sont pas forcément négatives. Royal va faire du Royal. "Le premier défi, c'est la mutation écologique de l'économie, avec la montée en puissance des énergies vertes, puis la mutation énergétique avec le chantier de l'isolation thermique des logements. Cela créera des emplois et cela redonnera du pouvoir d'achat aux Français. Enfin, le dernier défi est la biodiversité", prévient la ministre. Et avec elle, le patron d'EDF, Henri Proglio, ne sera plus le "ministre fantôme", comme le qualifie Delphine Batho. "Je n'ai aucun préjugé négatif. Les stratégies énergétiques, c'est le gouvernement qui les définit et moi qui les mets en place, EDF est un partenaire." Et pas plus.
"Il faut montrer qu'on peut sortir de la crise en produisant autrement"
Ségolène Royal, qui a pris comme conseiller spécial son ami Jean-Louis Bianco, a gardé comme chargé de mission Francis Rol-Tanguy, qui s'est occupé de la fermeture de la centrale de Fessenheim. L'engagement de Hollande sera bien tenu.
La ministre soigne ses relations avec les écologistes politiques et associatifs. Elle a parlé à Cécile Duflot. Les deux femmes politiques se connaissent peu mais s'apprécient. Duflot était d'ailleurs venue soutenir Royal avec Martine Aubry à La Rochelle le fameux jour du tweet de Valérie Trierweiler. Lundi, Royal verra Nicolas Hulot, "envoyé spécial du Président de la République pour la protection de la planète", avec qui le désaccord sur la fiscalité écologique est ancien. Elle verra les présidents des groupes écologistes cette semaine.
Samedi matin, à la réunion de France Nature Environnement, un des responsables lui a lancé : "On était ensemble au sommet de Rio, il y a vingt-deux ans." Elle a souri. Royal en convient : "L'environnement, c'est un combat de longue date, les associations se battent depuis des années, et même s'il y a du renouvellement, des animateurs restent." Et parfois, des ministres reviennent.
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