Dans une ambiance très festive plus de 200 000 personnes ont défilé samedi 26 octobre dans les rues de Taïpei pour leur première « marche des fiertés » depuis la légalisation le 24 mai 2019 du mariage pour les couples homosexuels à Taïwan, le premier pays à franchir le pas en Asie. Taïwan avait déjà connu les plus importantes « marches des fiertés » depuis des années dans la région mais la communauté LGBT entendait cette année célébrer cette nouvelle législation.

Une journée festive et heureuse

« Six mois après la légalisation du mariage gay qui nous a demandés une dizaine d’années de combat, il fallait exprimer cette année notre joie dans des défilés libérés et pleins de joie », a exprimé Yun Shun Lee, 28 ans, qui s’est mariée avec sa partenaire dès le mois de mai au lendemain du vote de la loi. Plus de 2 000 couples se sont depuis mariés à Taïwan, dont beaucoup étaient présents aux festivités de samedi, marquées par des déploiements de couleurs arc-en-ciel et de danseurs. « Je suis très ému que les gens à travers le monde nous rejoignent », s’est félicité Shane Lin, 31 ans, l’un des premiers à s’être marié après l’adoption de la loi.

La Chine veut toujours « réunifier » Taïwan, même par la force

Au-delà du symbole, cette « marche des fiertés » était également une façon pour les Taïwanais de se singulariser en tant que nation à l’identité propre qui se refuse à être assimilée à la Chine communiste continentale. Quelques jours auparavant le ministre de la défense chinois avant lancé un appel sans concession à la « réunification » de Taïwan à la Chine ; sur fond de tensions avec ce pays dirigé par un gouvernement rival que Pékin n’exclut pas de reprendre par la force. La République populaire de Chine considère Taïwan comme une de ses provinces même si ce territoire, peuplé de 23 millions d’habitants, est de facto indépendant depuis la fin de la guerre civile en 1949. Taïwan n’a cependant jamais formellement prononcé l’indépendance et Pékin menace de recourir à la force si tel était le cas.

Taïwan s’est caractérisé cette dernière décennie par des positions de plus en plus libérales sur les droits de la communauté homosexuelle, contrairement à la Chine, voulant montrer au monde l’image d’une société ouverte, libre et démocratique. Les adversaires de la nouvelle loi ont toutefois promis de sanctionner l’actuelle présidente Tsai Ing-wen à l’élection présidentielle du 11 janvier 2020. Il reste à voir toutefois si cette question influencera l’électorat, en particulier dans les zones rurales et plus conservatrices. La campagne électorale risque en effet d’être davantage dominée par les sujets économiques et surtout par les relations avec la Chine.