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Cédric Chasseur , modifié à
Invité d'Europe 1 dimanche soir, Gilles Clavreul s'étonne du "silence de l'Etat" sur les questions de laïcité, qui favorise "les discours extrémistes".
INTERVIEW

Alors qu'un sondage du Journal du Dimanche montre l'inquiétude des Français face à une laïcité menacée, Gilles Clavreul invite à prendre "du recul" par rapport à ces chiffres. Le directeur général du think tank l'Aurore "ne pense pas que les Français veulent d'un durcissement de la laïcité", et pointe du doigt "la panne de réponse politique" sur ces questions. 

Le silence préjudiciable de l'Etat

Car pour l'ancien conseiller de François Hollande, si les Français estiment d'abord le Rassemblement National "comme un bon rempart à l'islamisme", c'est qu'il y un problème dans "la prise en charge politique de ce danger". Gilles Clavreul vise en premier lieu le Président de la République, Emmanuel Macron, invité à prendre enfin position sur le sujet. "Le silence de l'Etat est préjudiciable et favorise les discours extrémistes", selon l'ancien délégué interministériel à la lutte contre le racisme, antisémitisme et la haine anti-LGBT. 

Gilles Clavreul, cite notamment "ce discours sur la laïcité, dont le Président de la République parle depuis sa prise de fonction, et qu'il reporte de mois en mois". En faisant cela, Emmanuel Macron laisse le champ libre notamment au Rassemblement National, "dont le discours formaté" peut séduire. C'est d'ailleurs la force politique la plus à même de lutter contre l'islamisme, toujours selon le sondage du JDD

L'Etat doit protéger les citoyens

Mais dans le même temps, Emmanuel Macron se montre "très ferme" sur les questions de radicalisations, notamment depuis l'attaque de la préfecture de police de Paris. Le Président de la République réclame notamment un plan de lutte sur le sujet. "Cela veut dire s'attaquer aux écoles coraniques clandestines ou dissoudre un certain nombres d'associations", selon Gilles Clavreul.

Une dualité difficilement tenable malgré tout pour le directeur général du think tank l'Aurore, qui estime qu'il est "difficile de dissocier la laïcité, d'inspiration libérale, et la lutte contre le communautarisme". Car l'Etat a une responsabilité pour l'ancien conseiller de François Hollande, celle "de protéger les citoyens contre les tentatives d'emprise religieuse". Et contre cela, "la laïcité est un outil". 

C'est pourquoi le silence d'Emmanuel Macron sur le sujet est difficilement compréhensible. "Plus le Président recule l’échéance de sa prise de position sur le sujet, plus il accroît une certaine nervosité", selon lui, à commencer au sein de sa propre famille politique, "composite et fragile sur ces questions là".