Les Républicains : qui est Aurélien Pradié, l’étoile montante de la droite?

Le jeune député du Lot, 33 ans, qui s’est forgé une réputation de rebelle, est devenu secrétaire général du parti Les Républicains mercredi.

 Dans un parti vieillissant, Aurélien Pradié a su se montrer indispensable et séduire le nouveau patron de LR.
Dans un parti vieillissant, Aurélien Pradié a su se montrer indispensable et séduire le nouveau patron de LR. IP3 Press/MaxPPP/Christophe Morin

    Enfant déjà, Aurélie Pradié a été bercé par la politique. « Chirac me passionnait. Je l'adorais comme on adore Batman quand on est gamin. Pourquoi ça a imprimé très tôt chez moi? Je ne sais pas », nous racontait-il l'hiver dernier. Le député du Lot, 33 ans seulement mais nouveau n°3 des Républicains, n'est pas arrivé là par hasard.

    Cette ascension fulgurante se résume par une équation simple : le jeune élu du Lot a su devenir un élément indispensable à droite, dans un contexte où son parti, vieillissant, souffre d'une image ringarde et peine à sortir la tête de l'eau, pris dans l'étau LREM-RN. En le désignant au poste de secrétaire général du parti, le nouveau patron de LR, Christian Jacob, l'a bien compris.

    Une mobylette et un féroce appétit

    Fils de gérants d'une petite entreprise agroalimentaire, Pradié a 22 ans quand il devient conseiller général du Lot – terre marquée à gauche – le 2e plus jeune de France derrière un certain… Jean Sarkozy.

    Une campagne de porte à porte menée sur sa mobylette, cartes IGN en poche, narre-t-il. L'éphémère étudiant en droit enfourche son premier mandat, seul élu de droite dans une assemblée rouge-rose, avant d'embrayer : maire de Labastide-Murat, petite commune rurale, six ans plus tard, puis conseiller régional en 2015.

    « Il a fait son chemin à l'allure d'un cheval au galop », relate Monique Martignac, secrétaire départementale de l'UMP quand elle rencontre Pradié pour la première fois en 2004. Elle souligne « sa passion pour la politique », son « talent oratoire indéniable », même si le jeune homme pressé n'a pas laissé que des bons souvenirs. « Il a toujours fait de la politique, et il n'a fait que ça ! » raille Gaeligue Jos, responsable du PS dans le Lot, tout en reconnaissant qu'il est « très présent » sur le terrain.

    « Dans le Lot, j'étais vraiment le rebelle », se souvient l'intéressé, qui se décrit en forte tête qui « n'aime pas les gens sages en politique ». Ou en version plus cash : « Tout ce qui relève de la discipline me fait chier ».

    Son caractère tranche au sein d'un parti où l'on chérit l'ordre, et il a su faire de l'indiscipline et de son irrévérence une marque de fabrique. À l'Assemblée aussi, d'ailleurs, où il s'est vite forgé avec certains camarades trentenaires une réputation de sale gosse. Jamais le dernier à animer un chahut digne d'une cour de récré, au point d'horripiler les Marcheurs.

    Fibre sociale

    S'il prend la lumière, c'est aussi qu'il occupe un couloir plus social à LR, où les thèmes liés à l'immigration et l'insécurité font autorité. « La fibre sociale qu'incarnait Chirac, on en manque aujourd'hui », se persuade Pradié. Député, son premier cheval de bataille a été le handicap. Son père est devenu tétraplégique suite à un AVC : « Ça a forgé mon engagement », dit-il.

    Plus récemment, il a porté le dossier des violences faites aux femmes. Mi-octobre, il fait le buzz après avoir égrené dans l'hémicycle le nom des victimes de féminicides en 2019, puis réussi à faire adopter à la quasi-unanimité - avec, fait rarissime, l'appui de la majorité - une loi sur le sujet. Certains hurlent au cynisme. Lui assène : « Pour réussir, il faut démasquer ce qu'est la Macronie. Ils font de la com'. Alors il faut qu'on se saisisse de sujets concrets. »

    Après la débâcle aux Européennes et la démission de Laurent Wauquiez, il met un grand pied dans la porte du parti en cocréant avec un autre député trentenaire, Pierre-Henri Dumont, un « comité du renouvellement », éphémère entreprise jeuniste et habile marchepied pour imposer leur pomme. Bonne gueule, un léger accent chantant, sportif, apprécié des journalistes et rural comme Jacob : l'option Pradié a séduit le nouveau patron de LR.

    « Il est bourré de talent », loue Annie Genevard, nouvelle cheffe du conseil national des Républicains. « Il est intelligent mais peut être trop individualiste », avertit un connaisseur du parti, qui rappelle qu'à grimper si vite, on se fait toujours beaucoup d'ennemis. Nul doute que Pradié a déjà les siens.

    Celui qui revendiquait fuir les affaires du parti en est donc devenu secrétaire général, couteau suisse de LR et de Christian Jacob. Croisé mercredi au siège, lors de la présentation de la nouvelle équipe, on lui demande s'il va s'astreindre à venir davantage rue de Vaugirard. Sourire en coin, il savoure. « Il paraît qu'il y a un bureau pour moi, ici… »