Aux Etats-Unis, une architecte développe un procédé pour construire des briques sans la moindre source de chaleur.
Ginger Krieg Dosier aime dire qu’elle fait pousser des briques à l’aide de milliers de milliards de minuscules travailleurs… qui sont en fait des bactéries ! Cette passion de fabriquer l'a toujours animée. Petite, déjà elle préférait fabriquer ses jouets elle-même avec les moyens du bord plutôt que de jouer avec des poupées achetées.
1230 milliards de briques produites chaque année...
A l’université, Ginger s’est naturellement orientée vers l’architecture. Là, elle a appris que les briques étaient à la base de la grande majorité des constructions humaines. Pourquoi ? Parce que dit-elle, "elles sont conçues pour tenir dans une main et qu’elles sont très simples à utiliser". D’après Ginger, chaque année, ce sont 1 230 milliards de briques qui sont produites à travers le monde. Et comme la plupart des briques sont faites à partir de terre cuite, leur fabrication représenterait 800 millions de tonnes d’émissions de CO2.
Observer la nature pour fabriquer la brique
C’est un livre qui l’a mise sur la bonne piste. Ce livre, c’est Biomimicry de Janine Benyus, traduit en français sous le titre Biomimétisme - Quand la nature inspire des innovations durables. L’idée est d’observer la nature pour y puiser des sources d’inspirations. Quand on voit que la nature est capable de produire des matériaux aussi solides que la coquille d’une huître ou le fil d’une toile d’araignée avec des matériaux locaux et sans la moindre source de chaleur, pourquoi ne pas s’en inspirer pour construire un objet aussi commun qu’une brique ?
Des briques vivantes
Pour trouver la solution, Ginger Krieg Dosier a tâtonné. Au bout de plusieurs années, après avoir mélangé de l’eau du sable et divers échantillons de bactéries elle est enfin arrivée à faire ce qu’elle appelle un “bébé brique”. Elle a ensuite créé son entreprise, bioMASON, basée aujourd’hui à Raleigh en Caroline du Nord, pour commercialiser son produit durable et écologique.
Comme les briques sont vivantes, il faut les irriguer et les nourrir avec des nutriments pendant deux à cinq jours. Elles vont produire du carbonate de calcium qui va permettre de coller les grains de sable entre eux durablement.
Trop de sable
Le procédé de bioMASON est très prometteur car il réduit considérablement l’empreinte carbone des briques, mais il continue à consommer une grande quantité de sable alors que c’est une ressource de moins en moins abondante sur notre planète. Afin de rendre le secteur de la construction vraiment écologique et aligné avec les objectifs du développement durable des Nations Unies, il est aussi nécessaire d’y intégrer les principes de l’économie circulaire qui implique notamment de réutiliser au maximum les matériaux. Sur ce point, le cabinet d’architectes danois Lendager est très inventif pour donner une seconde vie aux matériaux des vieux bâtiments, en particulier aux briques !
Plus d'explications avec Emma Stokking de l'agence Sparknews au micro d**'Emmanuel Moreau**
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