Il se glisse dans la peau d'une femme et se confronte au harcèlement de rue

Publié le Vendredi 25 Octobre 2019
Mylène Wascowiski
Par Mylène Wascowiski Rédactrice
Dans le cadre d'une expérience dirigée par Ni Putes Ni Soumises, Antoine s'est glissé dans la peau d'une femme dans les rues de Paris. Un moyen pour l'association féministe de dévoiler l'ampleur des violences sexistes et sexuelles qui perdurent aujourd'hui dans l'espace public.
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Pour comprendre le quotidien des femmes, il faut se mettre à leur place. C'est l'expérience qu'a tentée Antoine, dans le cadre de la campagne #Anotreplace lancée par Ni Putes Ni Soumises et diffusée à partir de ce vendredi (25 octobre) sur les chaînes des groupes Canal+ et France Télévision.

Le concept est simple : Antoine s'est glissé dans la peau d'une femme et a parcouru la capitale le temps de longues et stressantes heures. Dans la rue et dans le métro, il s'est confronté aux regards insistants et remarques déplacées des hommes qu'il a eu l'occasion de croiser. Une façon pour Ni Putes Ni Soumises de dévoiler en images le harcèlement de rue massif qui perdure aujourd'hui en France.

"À travers cette expérience, nous avons souhaité offrir une vision objective de ce qui se passe réellement dans la rue, de ces violences si courantes qu'elles en deviennent banales, à tort", explique l'association sur son site. Celle-ci s'interroge : "Dans un pays où les droits des femmes sont supposément acquis, comment de telles violences peuvent-elles faire partie du quotidien de si nombreuses femmes ?"


60% des femmes sont victimes d'agression sexuelle dans les transports


Car le harcèlement de rue et le harcèlement dans les transports sont aujourd'hui de véritables fléaux. D'après une enquête de l'association Osez le féminisme, dont les résultats ont été dévoilés le 18 octobre dernier, seules 1,1% femmes n'ont jamais subi aucune violence dans les transports en commun.

"97% des femmes ont déjà subi un outrage sexiste et 85% le subissent plus d'une fois par an. 55% ont déjà subi une exhibition sexuelle (masturbation en public...) et 79% une insulte sexiste. 60% des femmes ont déjà été victimes d'agression sexuelle ("mains aux fesses", "frotteur") et 26% des femmes le sont plus d'une fois par an. 7% des femmes déclarent avoir été victimes de viol", détaille Osez le féminisme sur son site internet.

Des chiffres alarmants qui ne datent pas d'hier. En 2015 déjà, le Haut conseil à l'égalité entre les femmes et les hommes dévoilait un chiffre glaçant selon lequel 100% des femmes avaient été victimes, une fois dans leur vie, de harcèlement dans le métro, bus ou encore RER. À Paris, des campagnes de sensibilisation ont depuis été mises en place ainsi qu'un numéro - le 3117 - à contacter si l'on est victime ou témoin de harcèlement dans les transports.

Des initiatives encourageantes mais manifestement insuffisantes. C'est d'ailleurs dans le métro qu'Antoine - alors habillé en femme - a eu le plus peur, comme il l'explique dans une interview tournée à l'issue de son expérience.

"En acceptant cette forme de violence, nous permettons à des violences d'autant plus graves d'être commises"


Avec cette campagne, Ni Putes Ni Soumises espère faire prendre "conscience de la violence quotidienne exercée dans la rue" et de manière générale dans l'espace public. "En baissant les yeux, en évitant les regards, en se faisant discrètes, les femmes perdent peu à peu leur place dans l'espace public. Et, en banalisant et acceptant cette forme de violence, nous permettons à des violences d'autant plus graves d'être commises", alerte l'organisme sur son site internet.

"Il faut vraiment que nous les hommes, on voit cette vidéo et qu'on prenne conscience de ce problème-là, pour faire changer les choses", vient conclure Antoine. Une façon, on l'espère, d'enfin faire bouger les lignes.