Ukraine : le journaliste Stanislav Asseïev condamné à quinze ans de prison par les séparatistes de Donetsk

Mise à jour : Stanislav Asseïev a été libéré le 29 décembre 2019 après deux ans et demi de détention, à la faveur d'un échange d'environ 200 prisonniers entre les séparatistes pro-russes du Donbass et les autorités ukrainiennes.




La « République populaire de Donetsk » (DNR, autoproclamée) a annoncé le 22 octobre 2019 la condamnation de Stanislav Asseïev à quinze ans de colonie pénitentiaire pour « espionnage ». Le journaliste est aux mains des séparatistes pro-russes depuis juin 2017. Reporters sans frontières (RSF) dénonce une parodie de procès et appelle à sa libération immédiate.



Le verdict a été rendu en août 2019, mais dévoilé seulement le 22 octobre : Stanislav Asseïev a été condamné à quinze ans de prison par les « autorités » autoproclamées de Donetsk, dans l’est de l’Ukraine. Après avoir purgé sa peine, il lui sera encore interdit de pratiquer son métier pendant deux ans et demi.

Selon l’agence de presse officielle séparatiste DAN, seule source dans ce trou noir de l’information qu’est devenue la région de facto autonome, le jeune journaliste a été reconnu coupable d’« espionnage », d’organisation « d’une communauté extrémiste » et d’incitation à la « violation de l’intégrité du territoire ». 

 

Plus connu sous le pseudonyme de Stanislav Vassine, le journaliste est détenu depuis juin 2017 par les « autorités » autoproclamées de Donetsk. Il collaborait avec le service local de Radio Free Europe / Radio Liberty (RFE/RL) et plusieurs journaux ukrainiens, pour raconter le quotidien en zone contrôlée par les séparatistes. C’est l’un des rares journalistes indépendants à être restés sur place après leur prise de pouvoir, au printemps 2014.

 

« Aucune information n’a filtré du soi-disant procès de Stanislav Asseïev par la Cour suprême de la "DNR", souligne le bureau Europe de l’Est et Asie centrale de RSF. Aucun avocat, aucune organisation internationale n’a eu accès à l’otage. Sa détention, arbitraire et contraire à toute règle du droit humanitaire international, repose sur des aveux probablement obtenus sous la contrainte : nous appelons à sa libération immédiate. » 

 

Les « autorités » accusent notamment Stanislav Asseïev d’avoir transmis des informations sur les positions militaires de la « DNR » aux services secrets ukrainiens (SBU), de mars 2015 à mai 2017.

 

En août 2018, La chaîne de télévision d’Etat russe Rossiya 24 avait diffusé des « aveux » d’espionnage du jeune journaliste, afin de justifier sa détention. Aucune information sur ses conditions de détention, son état de santé ou d’éventuels éléments matériels du dossier d’accusation n’avait été évoquée lors de ce long entretien, à charge.

 

Le mois précédent, un proche de Stanislav Asseïev, Egor Firsov, affirmait que les séparatistes tentaient d’extorquer des aveux au journaliste en le menaçant d’arrêter sa mère. 

 

Ses collègues et amis espèrent sa libération prochaine à l’occasion d’un échange de prisonniers entre le gouvernement ukrainien et la République autoproclamée. Sans évoquer d’éventuelles négociations, le président Volodimyr Zelenski a pour la première fois soulevé le cas de Stanislav Asseïev le 1er octobre 2019, lors d’une conférence de presse. Le gouvernement met en œuvre « un maximum d’efforts » pour faire libérer le journaliste, a-t-il déclaré.

 

La « DNR » et la « République populaire de Lougansk » (« LNR »), autorités séparatistes prorusses de l’est de l’Ukraine,  sont de véritables trous noirs de l’information. Les derniers journalistes critiques y ont été réduits à la clandestinité et les observateurs étrangers se font rares.

 

L’Ukraine occupe aujourd’hui la 102e place au Classement mondial de la liberté de la presse.

Publié le
Updated on 30.12.2019