ROYAUME-UNI - À pile ou face. C’est officiel, les 27 pays de l’Union européenne ont accepté ce lundi 28 octobre une troisième demande de report du Brexit de trois mois, au 31 janvier donc. Si cette décision a des implications politiques à tous niveaux, il y a pourtant un domaine pour le moins inattendu dans lequel elle devrait produire un petit chamboulement: la monnaie.
À l’occasion de la date du 31 octobre, qui était jusqu’à ce lundi encore la date officielle du Brexit, le Trésor britannique avait lancé la production de pièces de monnaies spéciales de 50 pence (0,60 centime d’euro), et faisant figurer le visage d’Elizabeth II, la date de sortie, ainsi que le message “Paix, prospérité et amitié avec toutes les nations”. Des mots qui font écho à une citation du première discours d’investiture de Thomas Jefferson, l’un des grands acteurs de l’indépendance américaine et troisième président des États-Unis.
Pas moins de 10 millions de nouvelles pièces étaient prévus, et de trois types différents: en cupronickel et en argent pour le marché, et en or pour les collectionneurs.
Or, ce week-end, le Trésor a annoncé qu’il en suspendait la production dans l’attente d’une déclaration européenne.
Selon le Guardian, un millier de ces pièces ont déjà été produites et elles attirent déjà l’intérêt des collectionneurs. Outre la rareté, comme pour les timbres, c’est souvent le défaut qui en fait la valeur et le sel. “Passé la cocasserie de la situation, l’intérêt est clairement présent. Le nombre de frappes est certes minime, mais beaucoup de pays, comme l’île de Man, Guernesey, etc, font des tirages en argent ou or tirés à moins de 1000 exemplaires (voire largement moins) sans créer le moindre intérêt. Ici, c’est un peu spécial: c’est une frappe officielle du Royaume-Uni et ça commémore un événement qui est bien parti pour être majeur dans l’histoire moderne du pays. Le fait que la date sur la monnaie ne soit pas “la bonne” la rend d’autant plus intéressante qu’elle est désuète”, explique Florent Gouézin, numismate, contacté par Le HuffPost.
Pour l’instant, le gouvernement britannique n’a pas spécifié ce qu’il ferait des pièces déjà produites. Il pourrait très bien décider de les fondre ou de les vendre. D’après le Guardian, leur valeur est estimée à 800 livres sterling environ, soit 930 euros. ”Si ces monnaies sont censées être refondues ou détruites et qu’on en trouve sur le marché, des vraies, des fausses, des copies (il devrait y en avoir un certain nombre dans les mois à venir), elles auront une grosse valeur de collection. Dans une moindre mesure, on retombe sur le côté “illégal” de l’objet, comme dans le cas de la pièce de 20 dollars de 1933″, ajoute Florent Gouézin, faisant référence à la “Double Eagle” dont les dernières pièces furent frappées en 1933 mais jamais mises en circulation. L’ensemble a par la suite été fondu mais certains spécimens ont survécu.
L’année dernière, quand la date du Brexit était encore fixée au 29 mars, le prédécesseur de l’actuel ministre britannique de l’Économie, Philippe Hammond, avait lancé lui aussi la production d’une édition limitée de 10.000 pièces spécialement dédiées à la sortie de l’UE. Elles devaient également être frappées du message de Thomas Jefferson, et être vendues à des collectionneurs pour 10 livres chacune.
La Royal Mint, l’agence chargée de frapper la monnaie au Royaume-Uni, a refusé de confirmer le nombre de nouvelles pièces produites pour le 31 octobre, de la même façon qu’elle a refusé de dire ce qu’il était advenu des prototypes du 29 mars. Lesquels suscitent aussi l’intérêt des numismates, précise Florent Gouézin.
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