

Hevrin Khalaf, dans le stade de Raqqa en septembre 2018
© Marc Nexon/Le PointTemps de lecture : 3 min
-
Ajouter à mes favoris
L'article a été ajouté à vos favoris
- Google News
C'était la première fois qu'elle se rendait sur place. Ce jour de septembre 2018, elle surgit d'un 4X4 noir, accompagnée d'un collaborateur et se plante face aux tribunes. Vêtue d'un chemisier fleuri, une chaînette dorée autour du cou, elle découvre alors le stade de Raqqa, transformé en centre de torture géant sous le règne de Daech. Un an plus tôt, les Kurdes, regroupés au sein des Forces démocratiques syriennes (FDS), ont libéré la capitale du califat.
Hevrin Khalaf, 34 ans, balaye du regard les gradins criblés d'impacts de balles, la toiture métallique arrachée, les projecteurs brisés. « Il faut le remettre en service, dit-elle. Pour les jeunes, c'est important. Sinon, ils restent chez eux et tombent dans de mauvaises mains. » « Oui, on va commencer par le toit, mais on ne fera jamais venir le PSG », sourit son adjoint.
Des vestiaires transformés en geôles
La politicienne kurde, titulaire d'un diplôme d'ingénieur et responsable du tout nouveau parti Avenir de la Syrie, fixe une entrée plongée dans la pénombre : les vestiaires. Le lieu où s'entassaient les prisonniers de l'État islamique. Elle hésite, craignant encore la présence de mines. Puis elle se décide. Et la voilà qui se lance dans les sous-sols, au milieu des gravats, chaussée de ses talons. Elle passe en silence devant une enfilade de pièces. Des cellules parfois équipées de deux rangées de grilles et des salles percées d'ouvertures, toujours envahies de sacs de sable, témoins des derniers combats, lors du siège de la ville.
Lire aussi Ces djihadistes au service des Turcs
Hevrin Khalaf ressort en lissant de ses mains ses cheveux noirs. « Il faut maintenant travailler à la paix », dit-elle. Son adjoint s'emporte. « Mais il faut que la communauté internationale nous aide ! Or rien ne bouge. » La dirigeante politique approuve, elle qui souhaite rapprocher les communautés kurde et arabe. Elle vient même de rencontrer des représentants français dépêchés à Raqqa. « Ils nous écoutent », dit-elle. « Oui, ils nous écoutent, ils prennent des notes et pas un euro n'arrive ! » poursuit l'adjoint.
À Découvrir
Le Kangourou du jour
Répondre
Hevrin Khalaf n'aura pas eu le temps de voir la paix s'installer. Elle a été tuée le 12 octobre sur la route M4, près de Qamichli, dans l'est du pays.
Sa mère reconnaîtra difficilement le corps d'Hevrin
Ce jour-là, la Turquie mène son offensive dans le nord de la Syrie avec un objectif : chasser les combattants kurdes pourtant parvenus à vaincre l'organisation État islamique. Elle déploie ses supplétifs, issus pour certains des rangs de Daech et d'Al-Qaïda. Des miliciens qui multiplient les exactions. Sur le principal axe routier, les véhicules sont à leur merci. Ils ordonnent au Toyota d'Hevrin Khalaf de stopper. Et le mitraillent aussitôt. Le chauffeur s'effondre. Ils en extraient la Kurde, la traînent au sol par les cheveux et s'acharnent sur elle. Crâne enfoncé, jambes fracturées et tailladées, ils l'achèvent de plusieurs balles à la tête et dans le dos. Au point que la mère d'Hevrin reconnaîtra difficilement le corps de sa fille. Au même moment, huit autres civils sont exécutés. Le lendemain, Yeni Safak, un quotidien nationaliste turc, triomphe. « Au cours d'une opération réussie, la secrétaire générale du parti Avenir de la Syrie, lié au parti terroriste PYD, a été mise hors d'état de nuire. »
Effrayant.
Quand les États Unis deviennent un danger pour le monde.
On peut se moquer de Trump et de ses gesticulations clownesques mais son pays tient encore le monde en respect avec l'ar...me économique. N'oublions jamais que sans la faillite économique d'une URSS lancée dans la course aux armements, le mur de Berlin ne serait pas tombé et l'empire soviétique delité. Au Liban, en Iran, au Maghreb et ailleurs, des foules descendent dans les rues pour le pouvoir d'achat. Même Erdogan ne peut pas surfer longtemps sur le sentiment majoritaire anti AKP des Turcs pour faire oublier les difficultés économiques de la Turquie.
En Egypte comme en Tunisie c'est un possible effondrement de l'industrie touristique qui inquiète les populations plus que le besoin de démocratie et tient à distance les islamistes.
Face à une Europe des lâchetés et de l'impuissance, les démocrates européens peuvent résister en cessant de remplir les hôtels de vacances de Turquie et en y regardant de plus près avant avant de recourir aux entreprises turques qui en cassant les prix ont envahi notamment le secteur de la construction. On cite le plombier polonais mais personne ne parle des "cousins" turcs venus en touristes.
Honnêtement et sincèrement, vous pensez quoi des turcs et de Erdogan ? Il n'y a pas si longtemps ils, voulaient intégrer... l'Europe... Quelle présomption !